Ce vaudeville autour de la tromperie, transposé dans les années 1960, échoue à renouveler le genre.
A l’heure où un large pan de la comédie française est travaillé par une sociologie de la France contemporaine (de Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? aux Tuche), Jalil Lespert entend revenir, avec son Dindon, à un registre plus patrimonial, et moins chargé socialement, du cinéma comique français : le théâtre filmé.
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Des gags vieux comme le monde
Retour aux sources, et donc au vaudeville, avec cette adaptation de la pièce éponyme de Feydeau, dans laquelle Monsieur de Pontagnac (Guillaume Gallienne), dragueur invétéré et stalker notoire, suit jusqu’à son domicile une belle inconnue (Alice Pol), qu’il découvre être l’épouse de son vieil ami Vatelin (Dany Boon), un notaire lunaire pour le moins crédule.
S’ensuit un long jeu de dupes, avec l’introduction de nouveaux personnages (Ahmed Sylla en célibataire charmeur, Laure Calamy en épouse bernée ou Camille Lellouche en escort) rendant toujours plus chaotique la résolution de cette farce inoffensive sur la tromperie, où chaque infidèle deviendra le cocu d’un autre.
En transposant la pièce de Feydeau dans le Paris des années 1960, Lespert revitalise une veine résolument franchouillarde de la comédie française, avec ses maris infidèles décomplexés et leurs épouses dupées, ses inlassables quiproquos et son humour gouailleur largement ressassé.
Ni le jeu, outrageusement théâtral, de ses acteurs à la limite du cabotinage ni la réactualisation de gags vieux comme la comédie (multiples variations autour de l’amant dans le placard) ne parviennent à insuffler à ce Dindon un quelconque intérêt, et on bâille plus qu’on ne rit à suivre les situations limites héritées de cette longue tradition théâtrale, qui aurait pu s’accommoder, sinon d’un peu de vice, du moins d’une once de modernité.
Le Dindon, avec Guillaume Gallienne, Dany Boon, Alice Pol (Fr., 2019, 1h25)
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