1940, la machine s’est emballée. Un humaniste s’engage avec la sincérité d’un poète pour “croquer” un dictateur. Les grandes œuvres parlent toujours au présent. “Aujourd’hui, démocratie, liberté et égalité sont des mots qui abusent le peuple. Nulle nation ne peut progresser avec eux. Ils entravent l’action, donc nous les abolissons.” Qui parle ? Chirac en […]
1940, la machine s’est emballée. Un humaniste s’engage avec la sincérité d’un poète pour « croquer » un dictateur.
Les grandes œuvres parlent toujours au présent. « Aujourd’hui, démocratie, liberté et égalité sont des mots qui abusent le peuple. Nulle nation ne peut progresser avec eux. Ils entravent l’action, donc nous les abolissons. » Qui parle ? Chirac en Tunisie ? Poutine pour légitimer la curée en Tchétchénie ? Bush en croisade contre le terrorisme ? Ou Berlusconi s’octroyant le contrôle intégral de la télévision ? Mais non, dormons tranquilles. Nous sommes en 1940. Il est temps de s’engager et Chaplin dénonce la folie mégalomane d’Hitler, à travers son double ridicule, Hynkel. Poète et humaniste, Chaplin ne diabolise pas un homme ou son régime. A la manière des fables de La Fontaine, il ridiculise la vanité des hommes. Et révèle la trivialité du pouvoir : un jeu de marionnettes. Mais Chaplin n’en reste pas là. A la toute fin du film, par un quiproquo burlesque, Charlot, sosie parfait de Hynkel, se retrouve au sommet d’une tribune à la place du dictateur. L’homme Charles Chaplin s’adresse alors à la caméra et lance un appel bouleversant de sincérité : « La cupidité a empoisonné les âmes et élevé des barrières de haine, notre science nous a rendus cyniques et brutaux… Nous pensons trop, nous ne sentons plus. You are not machines, you are men… » Sommes-nous en 1940 ? Non, en 2003, qui s’achève tristement. Un plouc texan, un ancien agent du KGB, un affairiste italien sans vergogne, un ex-champion du monde de bodybuilding :les grands hommes ont pris le pouvoir. Les médias audiovisuels sont largement au service de leur propagande. Dormons tranquille. En 2004, qui sait, nous nous réveillerons peut-être.
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