Troisième film de Bresson présenté à la Quinzaine en huit ans, à une époque où le dieu du cinéma était jugé trop austère, trop pointu, pour la Sélection officielle. Dès le film suivant, qui est aussi le dernier, L’Argent (83), le Festival va reprendre Bresson dans son giron et le jury le gratifiera même d’un […]
Troisième film de Bresson présenté à la Quinzaine en huit ans, à une époque où le dieu du cinéma était jugé trop austère, trop pointu, pour la Sélection officielle. Dès le film suivant, qui est aussi le dernier, L’Argent (83), le Festival va reprendre Bresson dans son giron et le jury le gratifiera même d’un assez comique “Prix du cinéma de création” – qu’il recevra sous les sifflets ! Conçu d’après un scénario original (après deux adaptations de Dostoïevski – Une femme douce, Quatre nuits d’un rêveur, puis une de Chrétien de Troyes, Lancelot du Lac), Le diable probablement suit une petite communauté de lycéens occupés à défendre la cause écologique. L’un d’eux se désolidarise progressivement d’eux, étreint par le sentiment que la lutte est vaine, que le monde court à sa perte, et qu’il ne comporte de toutes façons rien à sauver. 1977, c’est aussi l’année où la rafale punk balaie les cendres idéologiques du gauchisme post-68. Bresson n’est pas seulement génial, il est aussi à l’heure. A la sortie du film, Bresson déclara : “Ce qui m’a poussé à faire ce film, c’est le gâchis qu’on a fait de tout. C’est cette civilisation de masse où bientôt l’individu n’existera plus. Cette immense entreprise de démolition où nous périrons par où nous avons cru vivre.” Une façon à peine plus polie de hurler “no future”.
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(Critique parue dans le supplément au n°646 des Inrockuptibles, Les 40 ans de la Quinzaine)
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