Comment un nanar, entre film expérimental et grosse production, est devenu culte grâce à une plaquette de beurre et une paire de seins.
L’énorme scandale médiatique qui entoura la sortie du Dernier Tango…, suivi d’un raz-de-marée en salle, tient beaucoup à son aura sulfureuse de film « érotique », interdit au moins de 16 ans, dans une France post-68 pompidolo-rouflaquette. Mais en le revoyant trente ans après, on peut se demander si, sans la fameuse scène de la sodomie au beurre qui défraya tant la chronique, ce film serait passé à la postérité. Il repose en effet sur un dispositif absurde, présenté par Bertolucci lui-même comme « un film à la Jean Rouch complètement hollywoodien ». Autrement dit à la fois un refus du spectacle très ostentatoire, et des prouesses de caméra très… spectaculaires. Et le scénario de courir après cette contradiction… Maria Schneider dont la poitrine fit beaucoup, outre la plaquette de beurre, pour le succès du film, est partagée entre deux love stories inconciliables. D’un côté une relation sauvage avec un Brando très actor’s studio, qui la baise sauvagement à même les lattes du parquet la pente performance théâtrale , et de l’autre une histoire plus intellectuelle avec son fiancé cinéphile Jean-Pierre Léaud, qui la suit en permanence, une équipe technique à ses basques la pente cinéma-vérité. Caricature de ciné expérimental, mauvais living-theater… : trente ans après, ce loft a terriblement pris la poussière. Le Dernier Tango… marque le dernier avatar de la période « avant-garde » de Bertolucci, qui s’orientera ensuite vers des superproductions (Le Dernier Empereur, Little Buddha).
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