On l’attendait au tournant le polar de Corneau avec un Nul et une « pédale douce » en vedette. Le coup des comiques-excellents-dans-le-drame… Or, on est agréablement surpris. Non seulement les acteurs tiennent la route dans un registre sérieux Timsit a un peu tendance à faire son Joe Pesci, mais ça le rend plutôt attachant , […]
On l’attendait au tournant le polar de Corneau avec un Nul et une « pédale douce » en vedette. Le coup des comiques-excellents-dans-le-drame… Or, on est agréablement surpris. Non seulement les acteurs tiennent la route dans un registre sérieux Timsit a un peu tendance à faire son Joe Pesci, mais ça le rend plutôt attachant , mais le film lui-même séduit par son registre nuancé. Et nous convainc que Corneau, après dix ans d’expériences respectables dans le cinéma d’auteur noble, a bien fait de revenir à ses premières amours. La maturité en plus. Bien sûr, en soi, le sujet n’est pas révolutionnaire. Comme Le Doulos, La Balance ou L’Indic, Le Cousin a pour sujet les interactions de la police et d’un de ces personnages ambigus spécialisés dans la dénonciation des activités illicites de leurs confrères ou concurrents. Le « cousin » de l’histoire, un dealer nommé Nounours (Timsit), de surcroît père de famille attentionné, est comme cul et chemise avec un flic, Gérard (Chabat), et l’aide à opérer des arrestations. Ce ne sont pas tant les relations entre les personnages, la finesse psychologique qui suscitent l’admiration, que l’ensemble de la tapisserie tissée par Corneau. D’abord la description du flou artistique entre légalité et illégalité quand il s’agit de répression du trafic de drogue le flic va jusqu’à dealer pour prendre un gros bonnet. Ensuite un mélange dosé d’action et d’humour peu commun dans le polar. Voir la scène violente et drôle à la fois où Nounours éclate le visage d’un camé sur des verres en cristal et lui demande ensuite « Tu veux du Sopalin ? » La toile de fond familiale n’est pas mal non plus : la bobonne revêche du flic suicidé, la femme et les filles BCBG du teigneux Nounours, l’épouse délaissée par Gérard qui tutoie la bouteille personnage incarné par Agnès Jaoui avec une lassitude stoïque qui force l’admiration. Enfin, des scènes d’action pure planques, poursuites, arrestations, hold-up , non seulement haletantes, mais sans esbroufe formelle et d’une sobriété inédite chez Corneau. Bref, un bon policier à la française, pas vraiment novateur, mais drôle, humain, émouvant, avec en prime un sympathique sens du paradoxe, comme en témoigne cette anecdote : le dealer Nounours met ses enfants dans un cours privé religieux, car à l’école municipale les dealers viennent jusque dans la cour de récréation…
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