Etape par étape, l’observation méticuleuse et éclairante de toute la chaîne d’épreuves du concours de l’école de cinéma de la Fémis.
Le nouveau documentaire de Claire Simon fait penser à un film de Frederick Wiseman. Dans sa forme (aucun commentaire, aucun sous-titre pour identifier les personnes filmées) comme dans son fond (décrire une institution). Le sujet : le déroulement du concours d’entrée à la Fémis (Fondation européenne des métiers de l’image et du son), la plus grande école de cinéma publique (elle a aujourd’hui le statut d’école nationale supérieure), qui a succédé à l’IDHEC au milieu des années 1980. Le film, sur un peu moins de deux heures de temps, va s’appliquer à montrer comment se passe un concours d’entrée dans une école d’art en France et tenter de dépasser les fantasmes habituels (le piston, la triche, l’opacité). Et c’est loin d’être banal ou académique.
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Après les épreuves écrites, les candidats de la deuxième épreuve défilent, tentent d’inventer des histoires (pour les candidats scénaristes), filment quelques scènes dans un bout de décor (pour les aspirants réalisateurs), etc. Et il apparaît très vite qu’ils sont tous différents, parfois étranges, d’autres plus ou moins conventionnels et motivés. Mais les membres des jurys examinent effectivement chacun de ces jeunes gens comme un cas particulier dont il faudrait en quelques minutes cerner les contours, extraire la substantifique moelle, voir ce qu’il a dans le ventre, si c’est de l’art ou du cochon.
On découvre aussi, ce qui pourrait paraître évident, que si vous mettez trois cinéastes dans une salle à regarder un film, aucun des trois ne sera d’accord sur ce qu’est un “beau” ou un “bon” plan – ce qui explique bien des choses sur la diversité du cinéma en France, sur ce que c’est que “bien” ou “mal filmer”.
Certaines scène sont très drôles, puisque chacun – juré professionnel et candidat – réagit bien évidemment selon son caractère, ses goûts, sa culture (ou son absence). On est parfois proche du délit de sale gueule ou du coup de foudre… Ce qu’on comprend très vite, c’est que les gens du cinéma se cherchent des héritiers potentiels, plutôt que des élèves.
Enfin, ajoutons : Le Concours est, involontairement, un formidable hommage rendu au directeur de la Fémis au moment du tournage du film, Marc Nicolas (qu’on voit dans le film), disparu récemment, à l’âge de 59 ans.
Le Concours de Claire Simon (Fr., 2017, 1 h 59)
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