Les séances de cinéma en odorama visent à stimuler l’organe olfactif via des diffuseurs de parfums qui restituent l’ambiance de scènes ou d’époques. Un simple gadget ou une véritable expérience immersive ?
L’odorat est à l’origine de nombreuses émotions et influence directement notre humeur. Tantôt il a la faculté d’agir sur la mémoire et les souvenirs en nous emmenant dans cette “région plus intime que celle où nous voyons et où nous entendons, dans cette région où nous éprouvons la qualité des odeurs” (À l’ombre des jeunes filles en fleurs, II, 27), tantôt il stimule la zone grise et nous entraîne dans de longues introspections.
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Le cinéma n’a pas hésité à stimuler la perception olfactive pour élargir son expérience. Mais malgré son potentiel, l’odorat n’a pas encore été conquis. À l’heure des expériences immersives, des développeurs remettent le nez dedans.
Polyester, le premier film olfactif
Si la perception olfactive a été défavorisée par la culture occidentale qui a toujours donné la primauté au sens de la vue, certain·es cinéastes se sont saisis du pouvoir évocateur du sens olfactif pour l’intégrer pleinement dans l’expérience cinématographique, à commencer par John Waters.
Le réalisateur américain fut le premier à recourir au procédé inédit de l’odorama au cinéma pour son film Polyester, sorti en 1981. Le film s’ouvre sur une scène visant à expliquer le fonctionnement de la plaque distribuée aux spectateur·ices. Au moment où un chiffre apparaît sur l’écran, il suffit de gratter la pastille correspondante pour libérer l’effluve.
Mais l’odeur, loin de se limiter à un dispositif ludique, participe à la narratologie de l’histoire de Francine Fishpaw, interprétée par la drag queen Divine. Toutefois, si la première des odeurs proposées est le parfum enivrant d’une rose, les suivantes peuvent laisser plus perplexe… Peu étonnant de la part d’un cinéaste qui cultive le gout du kitsch.
Au-delà de l’expérience qui consiste à stimuler un sens supplémentaire et qui a largement contribué a faire du film un objet culte, Polyester reste un film éminemment politique qui pointe avec force le puritanisme américain en abordant de front des thématiques provocantes.
Vendredi 28 juin, l’expérience de l’odorama sera également proposée lors de la séance d’ouverture du Festival du film de fesses, qui sera dédiée au film le plus sulfureux de Kubrick, Eyes Wide Shut.
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