Alors que vient de se clôturer la 63e édition du festival de Cannes, dont il devait être membre du jury, la justice iranienne a libéré sous caution le cinéaste Jafar Panahi.
Le cinéaste iranien, Jafar Panahi (Sang et or, Le Ballon blanc), emprisonné à la prison d’Evin de Téhéran depuis le 15 mars, a été relâché ce mardi. Il a versé environ 165 000 euros de caution à la justice iranienne qui avait ordonné hier soir sa libération dans l’attente de son procès.
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Cannes, où le cinéaste avait été invité en tant que juré, a peut-être joué un rôle dans la décision des autorités. Pendant le festival, des acteurs et réalisateurs (Robert Redford, Bertrand Tavernier, Isabelle Huppert, Marjane Satrapi, Ang Lee, Oliver Stone, Jim Jarmush…) ont signé une pétition en faveur du réalisateur.
Les signataires appelaient à la libération « immédiate et sans condition » du cinéaste iranien. « En s’attaquant à un grand artiste de renommée internationale tel Jafar Panahi, les autorités de la République islamique montrent qu’elles ne reculent désormais devant rien pour mener à bout leur politique répressive », écrivaient-ils.
Lors de la cérémonie d’ouverture de cette 63e édition, Frédéric Mitterrand, le ministre de la Culture, Gilles Jacob, le président du festival et Tim Burton, le président du jury, avaient eux aussi appelé à la libération du réalisateur. Une lettre de Jafar Panahi a été lue en haut des marches (voir la vidéo)
Opposant au régime
Fervent opposant au régime iranien, Jafar Panahi, 49 ans, a été arrêté le 1er mars à son domicile. Les motifs de son arrestation n’ont jamais été clairement explicitées. Elle pourrait être due à la préparation d’un film sur les manifestations de juin 2009 ou à son soutien au chef de l’opposition, Mir Hossein Moussavi. C’est bien sa contestation du régime – contestation qu’il n’a jamais cachée – qui, dans tous les cas, est en cause.
Ce n’est pas la première fois que le cinéaste subit la répression du régime iranien. En juillet 2009, il avait été emprisonné quelques jours pour sa participation à une cérémonie en mémoire de Neda, jeune femme tuée lors d’une manifestation contre Mahmoud Ahmadinejad. En octobre 2009, Jafar Panahi s’est aussi vu confisquer son passeport par les autorités. En février dernier, le pouvoir lui a interdit de se rendre au festival de Berlin, où il était invité d’honneur.
Reconnu internationalement, interdit dans son pays
Jafar Panahi, ancien assistant d’Abbas Kiarostami, est reconnu comme l’un des plus influents cinéastes de la nouvelle vague iranienne. Presque tous ses films ont été récompensés dans les plus grands festivals du monde. En 1995, il a notamment obtenu la caméra d’or au festival de Cannes pour son premier long-métrage, Le Ballon blanc. Cinq plus tard, il a reçu le Lion d’or à Venise pour Le Cercle et en 2006, il s’est vu attribuer l’Ours d’argent au festival de Berlin pour Hors-Jeu.
Réalisateur engagé, son cinéma s’est attaqué à la crise économique, à la prostitution, au manque de liberté, à l’oppression des femmes… Autant de thèmes qui déplaisent au régime en place. Depuis dix ans, tous ses films sont interdits de diffusion en Iran.
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