Une des œuvres les plus stylisées de Lubitsch. Presque trop artificielle malgré le charme infini du propos et la présence du joyau des joyaux : Gene Tierney.Après sa mort, Henry Van Cleeve, homme à femmes, fêtard invétéré devant l’Eternel, se présente en Enfer car il pense avoir vécu dans le péché. Pour le prouver, il […]
Une des œuvres les plus stylisées de Lubitsch. Presque trop artificielle malgré le charme infini du propos et la présence du joyau des joyaux : Gene Tierney.
Après sa mort, Henry Van Cleeve, homme à femmes, fêtard invétéré devant l’Eternel, se présente en Enfer car il pense avoir vécu dans le péché. Pour le prouver, il fait le bilan de sa vie. Sa candidature ne sera pas retenue… Même si le ton primesautier, voire grinçant, de ce film ne déparerait pas la collection des chefs-d’œuvre lubitschiens, sa stylisation (le côté fable moraliste, les décors irréels et surdimensionnés) appartient presque plus à l’univers de Frank Capra qu’à celui du cinéaste allemand. Elément symptomatique : le récit en flash-backs, grâce auxquels le héros analyse, pèse le pour et le contre dans son attitude à l’égard des femmes, qu’il juge coupable. Exemple : sa femme Martha (la splendide Gene Tierney) l’ayant quitté, il croit être l’unique responsable de leur séparation, celui qui a provoqué l’irréparable. En fait, il s’avère qu’il n’en est rien, que depuis le début de leur relation et malgré la constante générosité d’Henry , Martha n’a pas été d’une grande honnêteté quant à ses sentiments. Comédie, certes, mais douce-amère, où Lubitsch ne se prive pas de ses effets de style habituels, de sa fameuse « touche », consistant par exemple en un emploi audacieux de l’ellipse. Voir la scène où, sans prévenir, il fait franchir vingt ans à ses protagonistes d’un coup de baguette magique. Cela dit, tout bien pesé, l’utilisation dérangeante de la couleur (à laquelle Lubitsch ne recourut que deux fois), le caractère trop hybride du film, et sa construction trop artificielle, incitent à le classer non pas parmi les œuvres mineures, mais parmi les baroques, les bancales. « Nobody’s perfect » comme disait Billy Wilder. Tout est relatif : un « petit » Lubitsch équivaut à dix chefs-d’œuvre d’un cinéaste ordinaire.
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