Reprise du premier long métrage du maître du studio Ghibli, où brille déjà toute son ambition formelle.
Adaptation sur grand écran de « Lupin III », série de mangas et d’animés chroniquant les aventures roublardes de l’arrière-petit-fils d’Arsène Lupin (connu en France sous le sobriquet d’Edgar de la Cambriole pour des raisons de droits), Le Château de Cagliostro est le premier long métrage d’Hayao Miyazaki, alors dessinateur et réalisateur pour le studio Toei. Sorti en 1979, six ans avant la fondation du studio Ghibli, ce dessin animé séminal porte déjà en lui la signature singulière du futur réalisateur du Voyage de Chihiro (2001), et quelques-unes des obsessions qui feront sa renommée internationale.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le film s’ouvre sur la cavale d’Edgar, gentleman cambrioleur au grand cœur, accompagné de Jigen, son compère taciturne, fuyant sur les chapeaux de roues le casino qu’ils viennent de dévaliser. Mais le butin s’avère entièrement constitué de faux billets. Menant l’enquête sur un réseau de faux monnayage, les deux hommes atterrissent dans la principauté de Cagliostro, micro-Etat méridional gouverné par un sinistre comte – propriétaire d’un château impénétrable. Edgar découvrira que ce dernier est impliqué dans la disparition de la princesse de Cagliostro, gardienne d’un inestimable trésor. Reconverti preux chevalier, Edgar va tenter d’infiltrer la forteresse pour libérer la jeune altesse de ses sombres geôliers.
Le tropisme de Miyazaki pour les châteaux, qu’ils soient célestes ou ambulants, trouve ici une première incarnation programmatique. Enclavée dans une région méditerranéenne fantasmée, qui préfigure l’Italie insulaire des années 1920 génialement brossée dans Porco Rosso (1992), la forteresse gothique de Cagliostro donne leur pleine mesure aux velléités d’architecte de Miyazaki ; tantôt citadelle majestueuse, tantôt guêpier labyrinthique, elle répond au projet artistique du film, qui jongle habillement entre un souci du détail et des proportions quasi naturalistes et une énergie burlesque joyeusement outrée. La ligne claire miyazakienne y fait ses premières merveilles, sublimée par une science de l’animation et du montage qui transforme les nombreuses scènes d’action en de formidables ballets formels.
Si le film ne distille pas encore pleinement l’allant poétique qui caractérisera les productions Ghibli, on y décèle déjà le goût de Miyazaki pour les compositions aériennes, à forte teneur contemplative, et sa structure de comédie policière, pas avare en humour, mixée à un simulacre de conte de fées légèrement vicié (un héros hors-la-loi, une jeune princesse qui suscite les convoitises) fait de ce dessin animé iconoclaste un objet fascinant, annonciateur génie en devenir.
Le Château de Cagliostro de Hayao Miyazaki (Jap., 1979, 1 h 40, reprise)
{"type":"Banniere-Basse"}