Musique rap, affrontements entre bandes rivales, dialogues saturés de “fuck”, trafics en tout genre, revente de pistolets de contrebande : Laws of gravity pourrait très bien n’être qu’un film de ghetto de plus, une resucée de Menace II Society ou de Boyz in the ‘hood. Nick Gomez joue au contraire la carte de la normalisation […]
Musique rap, affrontements entre bandes rivales, dialogues saturés de « fuck », trafics en tout genre, revente de pistolets de contrebande : Laws of gravity pourrait très bien n’être qu’un film de ghetto de plus, une resucée de Menace II Society ou de Boyz in the ‘hood. Nick Gomez joue au contraire la carte de la normalisation en essayant de banaliser le plus possible le quotidien de trois petits trafiquants de Brooklyn vivant de rapine et d’expédients. Les protagonistes de Laws of gravity, Frankie, John et Jimmy (le remarquable Peter Greene qui jouait le psychopathe de Clean, shaven et Zed, le flic sodomite de Pulp fiction) ne sont pas noirs ou portoricains, chinois ou juifs, ce sont de bons wasps, propres sur eux, avec de bonnes manières. Seule leur occupation un peu en marge peut les différencier d’une jeunesse blanche saine et sûre d’elle vers laquelle on peut pointer son doigt en signe d’exemple. S’il y a un cousinage à trouver avec un autre film, il faudrait aller chercher du côté de Scorsese et de Mean streets. Il y a chez Gomez la même volonté de faire de la caméra l’un des protagonistes du film, et le choix d’un tandem constitué d’un sanguin et d’un calme n’est pas sans rappeler le couple Keitel/De Niro dans Mean streets, ou Pesci/De Niro dans Raging Bull ou Casino. Les lois de la gravité revues par Nick Gomez reposent sur un savant équilibre entre calme et violence, nervosité et retenue, explosion et implo-sion assurant au couple Jimmy/John une pérennité et un équilibre lui permettant de ne pas voler en éclats. Ces lois de la gravité renvoient aussi à des règles dramatiques. Laws of gravity ressemble à une cocotte-minute prête à péter, et Nick Gomez au maître-cuistot réglant les boutons de chaleur. La manière dont le réalisateur fait apparaître les flingues avant de les faire disparaître et finalement réapparaître au moment de l’explosion finale du film est absolument remarquable. Laws of gravity ne doit rien au hasard.
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