Une journée d’appel à des états généraux du cinéma aura lieu le 6 octobre, à l’initiative de professionnels du cinéma. Le but : interpeller les pouvoirs publics sur les défis et la possible fragilisation de l’industrie cinématographique française.
Dans une tribune publiée dans Le Monde et datée du 17 mai 2022, des personnalités du monde du cinéma (allant d’Olivier Assayas à Catherine Corsini) appelaient à la tenue, “avant le 1er juillet 2022, d’états généraux afin que tous les professionnels puissent débattre ensemble de l’avenir immédiat du cinéma.” Ils y déploraient une financiarisation croissante de leur art, au détriment d’enjeux “de nécessité artistique”. Dans leur viseur : l’appel à projet du CNC “France 2030”, qui privilégie, selon eux, le secteur de l’audiovisuel par rapport à la “création cinématographique”, via notamment le développement de studios et l’incitation à l’écriture de séries et de téléfilms.
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Ces états généraux, indépendants du CNC, seront finalement lancés avec trois mois de retard, le 6 octobre prochain. Les défis du cinéma français, notamment la baisse de la fréquentation depuis la crise sanitaire et la concurrence avec les plateformes numériques, seront au cœur des débats. “La journée du 6 octobre sera une journée d’appel à des états généraux. L’idée est de faire un certain nombre de constats sur notre politique culturelle, réfléchir sur les missions du CNC et la façon dont nous pouvons pérenniser notre cinéma français”, nous précise Rosalie Brun, déléguée générale de la Société des réalisateurs de films depuis juin 2020. En creux, se dessine une critique à peine voilée de la feuille de route du président du CNC, Dominique Boutonnat, basée sur une libération des financements privés pour soutenir la création. Mais cette démarche n’est pas une “mise en accusation personnelle du président du CNC”, par ailleurs affaibli par sa mise en examen en avril dernier pour agression sexuelle et tentative de viol, “c’est une réflexion plus globale sur les politiques culturelles”, ajoute-t-elle.
Alerter les pouvoirs publics
Il s’agit d’interpeller le ministère de la Culture afin de permettre la mise en place de politiques publiques plus seulement basées sur la “compétitivité” et “des principes entrepreneuriaux”. De plus, en écho à la tribune du Monde, Rosalie Brun estime que la “potentielle dérive du cinéma” réside dans “ce flou constant, ce brouillage entre ce qu’est un film de cinéma et un film de petit écran. Ce sont deux démarches artistiques et deux réalités économiques différentes”.
Pour résoudre le problème de la fréquentation, la “Société des Réalisateurs de Films” (SRF) brosse quelques pistes de réflexion en matière de politique tarifaire ; notamment la possibilité, temporairement, de proposer une carte d’abonnement au même prix que les plateformes pour fidéliser un nouveau public et baisser le prix du billet de cinéma. “On a la chance d’être numéro 1 mondial au niveau de la diversité cinématographique. Nous avons besoin d’une volonté politique pour assurer ce rayonnement”, conclut la déléguée générale de la SRF. Rendez-vous le 6 octobre !
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