La disparition, à 56 ans, de Laurent Perrin, foudroyé par la maladie, nous prive à jamais de la possibilité de voir se déployer une oeuvre que les aléas de la vie parfois très dure du cinéma avaient déjà rendue trop rare. Elle ne comporte que quatre longs métrages de fiction, et tant de projets avortés […]
La disparition, à 56 ans, de Laurent Perrin, foudroyé par la maladie, nous prive à jamais de la possibilité de voir se déployer une oeuvre que les aléas de la vie parfois très dure du cinéma avaient déjà rendue trop rare. Elle ne comporte que quatre longs métrages de fiction, et tant de projets avortés et d’espoirs déçus.
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Frugale, elle n’en comporte pas moins de vraies beautés : le premier film, sorti en 1985, s’appelle Passage secret. Il a été coécrit par Olivier Assayas, avec lequel Perrin avait débuté comme critique aux Cahiers et qui avait écrit le premier court qu’il a réalisé, en 1981, Scopitone (Perrin, lui, interprétait le rôle principal du premier court d’Assayas, Copyright, aux côtés d’Elli Medeiros). Passage secret entrelaçait les parcours nocturnes de quelques ados chapardeurs sur les toits d’un Paris estival au bord du fantastique. Le suivant, Buisson ardent (prix Jean-Vigo 1987, coécrit par Benoît Jacquot), évoque plutôt un romanesque à la Emily Brontë, porté par l’allant de ses interprètes jeunes et gracieux, Simon de la Brosse, Jessica Forde, Anne Brochet.
Après une tentative peu aboutie de comédie plus populaire (Sushi Sushi, 1991, avec André Dussollier) et une longue interruption de près de dix ans, il retrouve ce romanesque désabusé qui fut sa marque avec le beau 30 ans (2000), retraçant sur plusieurs décennies le compagnonnage amical et amoureux de deux garçons (Laurent Lucas, Grégori Derangère) et une fille (encore Anne Brochet) aimantés par le théâtre.
Déçu par l’échec public du film, Laurent Perrin peinait à renouer avec la fiction. Il a ces dernières années surtout travaillé à des documentaires, dont un émouvant portrait de l’actrice Dominique Laffin (2007). Editée l’automne dernier en DVD, l’oeuvre raffinée, tout en contrastes subtils, de Laurent Perrin laisse une empreinte particulièrement délicate.
Jean-Marc Lalanne
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