Ces temps-ci, le cinéma français fait preuve de velléités structurelles inédites. Alors que les influences franchouillardes arborent généralement des teintes naturalistes, plusieurs cinéastes semblent prendre un malin plaisir à emprunter les voies peu fréquentées de la distanciation et du précipité fantasmatique. Mais, on le sait, seul le génie de la mise en scène permet à […]
Ces temps-ci, le cinéma français fait preuve de velléités structurelles inédites. Alors que les influences franchouillardes arborent généralement des teintes naturalistes, plusieurs cinéastes semblent prendre un malin plaisir à emprunter les voies peu fréquentées de la distanciation et du précipité fantasmatique. Mais, on le sait, seul le génie de la mise en scène permet à ce type d’entreprise d’échapper aux écueils formalistes et au syndrome de la coquille vide. Derniers exemples de glissades prétentieuses : Diane Bertrand avec son Samedi sur la terre ou Eric Rochant et sa pathétique Anna Oz. L’Appartement, premier essai de Gilles Mimouni, s’inscrit dans cette veine-là et stimule un temps l’esprit grâce à son scénario tordu qui a la bonne idée de plonger dans le romanesque maladif sans s’embarrasser du fatras pseudo-métaphysique qui étouffe les films de ses collègues.
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Max est un jeune yuppie sur le point de se marier. Un jour qu’il s’en va soulager sa vessie dans les latrines d’un café parisien, il croit entendre la voix de Lisa, son ancien amour inconsolable. A partir de là, le jeune Max va être mené par le bout du nez dans une étrange machination sentimentale où sa douce aimée est doublée par sa meilleure copine. Dans l’attente d’un retour à l’ordre sentimental, les neurones de Max s’agitent dangereusement sous l’effet d’une emprise érotico-cérébrale du meilleur genre. Au crédit de Mimouni, un relatif talent ludique et une absence bienvenue d’œillades complices au Vertigo d’Hitchcock, pratique aussi courante que débile. Hélas, il manque au film l’essentiel, c’est-à-dire une mise en scène susceptible d’enrouler le spectateur dans la poésie réflexive du scénario. Ici, pour ne prendre que deux exemples, le travail chromatique et le choix du studio ne correspondent pas à une tentation de l’abstraction, mais plutôt à un souci décoratif de la belle image. Et à force de souligner le mystère avec des cadrages sursignifiants et des ralentis censés figurer le désordre mental du personnage, Mimouni finit précisément par étouffer tout mystère. Un péril contradictoire et malheureusement irrémédiable.
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