L’ANNÉE DERNIÈRE À MARIENBAD
D’ALAIN RESNAIS (1961)
(Studio Canal, collection « Studio Canal classique », environ 22 e)
Un classique du cinéma très peu classique.
LE FILM : L’Année dernière à Marienbad est le deuxième long métrage d’Alain Resnais, deux ans après Hiroshima mon amour. Alain Robbe-Grillet y succède à Marguerite Duras au poste délicat mais fondamental chez Resnais de scénariste. Marienbad est un film inracontable, dont le récit n’obéit pas à la chronologie mais à la paralogique du ressassement un récit morbide et alambiqué fondé sur des clichés tout droit sortis de la littérature populaire (eau de rose et fantastique), où le luxe, l’angoisse et la volupté construisent peu à peu un petit théâtre érotique fascinant. Le point de départ ou plutôt central de ce récit est pourtant simple : une jeune femme se refuse à reconnaître l’homme qu’elle a peut-être aimé un an plus tôt à Marienbad (à moins que ce ne fût à Fredrikstad, qui sait ?). La mise en scène de Resnais repose sur de très longs et hypnotiques travellings et sur un montage quasi mathématique basé sur la rime. Le tout donne un film envoûtant et onirique, un délire visuel non dénué d’humour, à l’atmosphère sophistiquée rappelant tout autant les serials des années 10 que l’avant-garde de la fin des années 20 (Man Ray et Germaine Dulac plutôt que Buñuel). En gros, on est à la fois chez Cocteau, dans Les Vampires de Feuillade, un tableau de Balthus et un rêve éveillé de Robert Desnos. Enfin, L’Année dernière à Marienbad est le film qui transforma Delphine Seyrig en icône.
LE DVD : Le film a été « entièrement restauré et remasterisé en haute définition ». En bonus, un documentaire sur le film.Jean-Baptiste Morain
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