L’Amour est à réinventer, ce fut d’abord un programme proposé par Arthur Rimbaud. Aujourd’hui, ce sont dix histoires d’amour au temps du sida. La très faible représentation homosexuelle dans les courts métrages issus du concours “3 000 scénarios contre un virus” a incité la Lesbian & Gay Pride Films à initier une opération similaire consacrée […]
L’Amour est à réinventer, ce fut d’abord un programme proposé par Arthur Rimbaud. Aujourd’hui, ce sont dix histoires d’amour au temps du sida. La très faible représentation homosexuelle dans les courts métrages issus du concours « 3 000 scénarios contre un virus » a incité la Lesbian & Gay Pride Films à initier une opération similaire consacrée aux vécus de l’homosexualité. Dix scénarios ont été retenus et confiés à des réalisateurs de cinéma. On aurait pu faire appel de préférence à des réalisateurs de publicité pour qu’ils enfoncent efficacement le clou de la prévention. Non, ce sont des auteurs qui s’expriment, et ils ne font pas seulement passer un message (prévention donc, mais aussi compassion ou solidarité). Ils réalisent chacun une fiction autonome, souvent passionnante, jamais anodine. Si l’expérience précédente s’enlisait parfois dans les préoccupations prophylactiques, c’est rarement le cas ici. Les slogans laissent place aux climats, les messages s’effacent derrière les émotions. Du coup, certains osent des images qui ne plairont sûrement pas à tout le monde. D’ailleurs, à l’heure où sont écrites ces lignes, les chaînes négocient encore les horaires de passage des différents films. On s’en voudrait de faire un palmarès parmi ces dix films, tous dignes d’intérêt. On mentionnera simplement quelques souvenirs tenaces. L’humour blessé du jeune séropositif enfermé chez lui dans Dedans de Marion Vernoux. La caméra subjective de Pierre Salvadori pour filmer le désir impérieux qui évacue toute prudence. Et surtout Une Nuit ordinaire de Jean-Claude Guiguet. En pédalant vers celui qu’il aime, Laurent écoute Patachou chanter J’ai rendez-vous avec vous de Brassens. Il commence à se déshabiller dans le couloir. Mais c’est un couloir d’hôpital. Ils se retrouvent, puis éteignent la lumière. Et lorsque Laurent cherche un préservatif dans la table de nuit, on entend le bruit des boîtes de médicaments. Ils font l’amour. Fin du film. La gorge serrée, on attend que la lumière revienne.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}