Avant d’être metteur en scène, Ridley Scott est un directeur artistique. Ses deux plus grandes réussites, Alien et Blade runner, frappaient surtout par l’extrême sophistication de leurs décors, filmés comme des entités vivantes. Depuis qu’il a abandonné la science-fiction et le fantastique, Scott n’a plus jamais retrouvé l’occasion d’exercer ce talent unique d’où la […]
Avant d’être metteur en scène, Ridley Scott est un directeur artistique. Ses deux plus grandes réussites, Alien et Blade runner, frappaient surtout par l’extrême sophistication de leurs décors, filmés comme des entités vivantes. Depuis qu’il a abandonné la science-fiction et le fantastique, Scott n’a plus jamais retrouvé l’occasion d’exercer ce talent unique d’où la déception causée par ses derniers films (Traquée, Black rain…). Avec 1492, Scott paraissait avoir atteint le nadir de sa carrière. Lame de fond prouve qu’il n’en était rien. Cette histoire édifiante du naufrage d’un bateau-école dans la mer des Caraïbes au début des années 60 ramène en effet le réalisateur au tout début de sa carrière : le film publicitaire. Alors que le sujet un récit maritime dans la veine de London ou Melville appelait un traitement épique et des personnages forts, Scott choisit un casting et une image « soif d’aujourd’hui ». Tous les jeunes acteurs paraissent sortis d’une pub Hollywood chewing-gum et Jeff Bridges nous la joue plus que jamais L’Homme est rare de Roger & Gallet. Le morceau de bravoure du film, le naufrage, est surtout tragique en ce qu’il offre une métaphore parfaite de la carrière de Scott. Etiré jusqu’à plus soif, encombré d’effets spéciaux superflus, il fait tout à coup basculer le film dans la grosse production catastrophe genre L’Aventure du Poséidon. Alors qu’on croit l’histoire terminée, commence le troisième acte : le procès du capitaine. Après le déchaînement des éléments, le spectateur est convié à un vrai déluge de bons sentiments. Et Lame de fond (en effet) de s’achever sur une référence jeune public oblige au Cercle des poètes disparus.
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Long spot truffé de fioritures (la fête avec les filles, la référence à la baie des Cochons…), Lame de fond cherche désespérément son sujet pendant plus de deux heures. Lorsque apparaît enfin le générique de fin, on n’est sûrs que d’une chose : Ridley Scott a définitivement rejoint son frère Tony au royaume des tâcherons hollywoodiens. Dans cette tardive réunion de famille, le spectateur se sent de trop.
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