Vu à la Quinzaine des réalisateurs, le nouveau Garrel atteint une sereine simplicité, avec même quelques touches d’humour.
Une nuit, un père voit débarquer chez lui sa fille en larmes. Elle vient de quitter son compagnon. Comme c’est un gentil père et qu’il sait ce que c’est que l’amour, la passion et ses affres, il l’accueille à bras ouverts et l’appelle “ma fille”. Mais il doit lui signaler qu’il y a une femme dans l’appartement, et même dans son lit. C’est une de ses étudiantes, ils vivent ensemble depuis trois mois et elle a le même âge que sa fille. C’est l’histoire du film.
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On retrouve dans ce nouveau film de Garrel tout son talent : sa direction d’acteurs, son sens du cadre, cette manière de fictionner sa propre vie. Entouré de scénaristes qui sont des noms (Jean-Claude Carrière et Arlette Langmann, quand même), il creuse de film en film sa veine autobiographique. Le noir et blanc est somptueux, ses deux actrices principales (Louise Chevillotte, dont c’est le premier film, et sa fille Esther) sont géniales et Eric Caravaca (le père) sobre et déchirant. Les cages d’escalier sont toujours crades, comme dans ses films des années 1970, on dirait qu’elles n’ont jamais été repeintes.
De la sérénité et de l’humour
On pourrait dire que c’est de la routine mais non, point du tout. C’est le sommet de l’art : la simplicité. Philippe Garrel n’a plus rien à prouver, il creuse son art, il est au travail, comme un peintre tous les jours dans son atelier, avec les mêmes pinceaux, les mêmes couleurs, il travaille et progresse, essaie d’être encore meilleur. Il y a de la vitalité dans les films de Garrel, toujours, encore aujourd’hui.
C’est ainsi que, film après film, apparaît une certaine sérénité chez cet auteur autrefois si torturé. Une tendresse, une bienveillance, une indulgence. Et aussi un sens de l’humour de plus en plus évident. On ne dira pas que ce nouveau film est une comédie mais le rire y est de plus en plus présent, une légère ironie aussi. Même si Garrel ne plaisante jamais avec la douleur, physique et psychologique, que peut faire l’amour, la nuit, quand on se réveille soudain et qu’on se souvient de la réalité du jour, qui est que l’être aimé ne vous aime plus, et que vivre est tout simplement impossible.
L’Amant d’un jour de Philippe Garrel (Fr., 2017, 1 h 16)
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