Franchement, il se foule pas, le père Mouret : Laissons Lucie faire (ha, ha) est quasiment le remake de son moyen métrage Promène-toi donc tout nu. Ça se passe toujours à Marseille, Mouret joue encore un bourgeois dilettante, Lucien, que sa petite amie Lucie (Marie Gillain) envoie chier, et qui va flirter ailleurs (avec la […]
Franchement, il se foule pas, le père Mouret : Laissons Lucie faire (ha, ha) est quasiment le remake de son moyen métrage Promène-toi donc tout nu. Ça se passe toujours à Marseille, Mouret joue encore un bourgeois dilettante, Lucien, que sa petite amie Lucie (Marie Gillain) envoie chier, et qui va flirter ailleurs (avec la énième beauté de la famille Charlot), avant de retourner sagement à la case départ. Il y a un petit mieux formel par rapport au précédent, mais le filmage reste assez approximatif. Pour continuer d’accabler ce film que finalement nous aimons bien, disons que le subplot d’espionnage est un artifice scénaristique complètement improbable : pour expliquer le fait que Lucien est payé à ne rien faire et qu’il dissimule des choses à sa copine, le cinéaste a imaginé qu’il devienne un agent secret très décontracté. Mais ça n’est pas trop gênant car, en restant le séducteur pataud et candide pris au piège dans maints chassés-croisés et quiproquos, Mouret finit par emporter le morceau. Même si les dialogues ne sont pas aussi ciselés que chez Rohmer, on retrouve ce petit air de famille entre le travail du jeune Marseillais et celui du Marivaux de la Nouvelle Vague : gravité légère, coups de théâtre cocasses, savantes complications et mille entrelacs de la transaction amoureuse, et surtout expérimentation scientifique, presque mathématique, sur les sentiments. Version kakou, bien sûr, c’est-à-dire, en français, slacker. La relation paradoxale de Lucien avec Jennifer (Dolorès Chaplin), étudiante de bonne famille suisse on frôle le documentaire , est un délice. La jeune fille a des lubies : se faire engager comme femme de ménage chez le père friqué de Lucien, pour connaître la vie ; de même, elle prie froidement Lucien de lui enseigner la technique de l’amour. Evidemment, de la théorie à la pratique, il y a un monde, c’est ce qu’apprennent ou du moins constatent à leurs dépens les personnages de Mouret. Ce gymkhana sportif entre idéal et réalité fait toute la grâce de ce « divertissement sentimental ».
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}