Le réalisateur débriefe la sortie de son dernier film Non ma fille tu n’iras pas danser.
Non ma fille… constitue le meilleur démarrage de ta carrière pour un de tes films. Est-ce que cela correspond à ce que vous (producteur, distributeur, toi) espériez ?
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Personnellement, j’ai du mal à quantifier mon espoir. Du mal à formuler dans quelle mesure un nouveau film est susceptible de provoquer du désir. Et puis, je suis orgueilleux, je préfère ne rien annoncer et voir venir. En ce qui concerne les investisseurs (producteur et distributeur), il est légitime pour leur part d’avoir des espoirs, et je redoute toujours le moment où ils ne retrouveraient pas leur billes. Sur ce film là, apparemment, tout se passe bien. Ils sont heureux, je suis heureux pour eux, et soulagé pour moi.
L’affiche du film comportait une accroche “Vivez libre” plus grosse que le titre du film ? Penses-tu que cette décision marketting a favorisé le succès du film ?
Ce fut une vraie incompréhension entre mon distributeur et moi. Mon producteur était vraiment convaincu par ce slogan, que pour ma part je jugeais hors de propos. Le succès du film est peut-être la conséquence de cette bonne campagne d’affichage. Il est difficile pour un metteur en scène de maîtriser tous les aspects du marketing. Je refuse en plus souvent d’endosser le statut de VRP de mes films. Dans l’idéal, je crois que j’aimerais être très loin, et que tout ça se règle sans moi. Mais je suis incapable d’une telle sagesse, et je ne cesse de donner mon avis.
Es-tu satisfait de l’accueil critique ? Certains articles t’ont-ils blessé ?
Comme tout le monde, je ne peux m’empêcher d’être plus facilement blessé que flatté. Certains semblent s’acharner contre moi, comme s’ils me connaissaient et qu’ils avaient quelque chose de personnel à me faire payer. Je m’étonne souvent de l’image, la « persona » qu’ils ont de moi et mes origines, mon identité. Puis il y a les articles qui vous portent, qui sont comme des encouragements, des tapes dans le dos, des signes d’amitié. Malgré ce rituel de la sortie, le cinéaste a rarement l’occasion d’une réflexion partagée sur son travail, il y a une solitude sociale, en tout cas chez moi, qui est source de bien des doutes, des incertitudes.
Le meilleur souvenir lié à la sortie du film ? Le pire ?
L’avant première à Pontivy en Bretagne, avec l’équipe du film, et la nuit passée à l’auberge qui nous avait accueillis pendant le tournage. L’impression que tout allait reprendre, que le plan de travail était renouvelé, que le lendemain matin, nous avions tous des convocations pour le plateau. Un sentiment très tremblant et tentateur, de se dire, refaisons, racontons autrement cette histoire mais avec les mêmes gens. Et évidemment, la mélancolie qui suit, cette idée que ce film là ne se refera plus, la petite fatalité qui prédomine à chaque film, qui enterre et qui amnistie. Voilà le moment qui a tenu à la fois du meilleur et du pire.
L’accueil du film modifie-t-il tes projets ? Quels sont-ils ?
Non, pas vraiment. Pour une fois, je ne me suis pas décidé sur la suite, puisque je m’efforce de terminer en priorité un roman en cours. J’espère que le prochain film va naître de l’expérience de cette écriture ou bien d’une expérience sentimentale, de n’importe quoi qui fera que la vie des prochains mois ne sera pas complètement absurde.
{"type":"Banniere-Basse"}