Une réflexion louable sur des militaires plongé·es en état d’urgence mais qui, hélas, tourne à vide.
La troisième guerre du titre n’est pas celle décrétée l’an passé par un président martial en pleine pandémie (le film a été tourné avant), mais celle commencée en 2015, après que les attentats de Paris ont jeté dans les rues de la capitale ces militaires patrouillant dans la ville par petits groupes, tels des pions sur un jeu d’échec, des sentinelles.
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Principe de l’absurde
C’est sur l’absurdité de leur mission – une marche sans fin, sans véritable objectif ni possibilité d’action, comme le soulignent deux scènes où des femmes sont agressées sous les yeux et les armes de Corvard (Anthony Bajon), Hicham (Karim Leklou) et Yasmine (Leïla Bekhti) – que se penche Giovanni Aloi, cinéaste italien, Parisien d’adoption.
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Le film théorise quelque chose d’assez intriguant sur ce principe de l’absurde, défini ici par un mariage des contraires, une dissonance entre les traits enfantins d’Anthony Bajon et son costume guerrier, entre le réalisme des situations et l’étrangeté d’une ville déserte, entre l’état d’urgence décrété, l’ennui de ses missions et l’invisible de l’ennemi, entre la lucidité de regard que cette configuration appelle et la paranoïa dans laquelle ces jeunes militaires sont plongé·es.
Mais ce chapelet d’idées crée hélas une trajectoire balisée comme si le film, pris dans les mailles d’un scénario trop occupé à énoncer, ne parvenait jamais vraiment à en dépasser les intentions.
La Troisième Guerre de Giovanni Aloi, avec Anthony Bajon, Karim Leklou, Leïla Bekhti (France, 2021, 1 h 30). En salle le 22 septembre.
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