Une embrouille dans le milieu des salons de coiffure afro du Xe arrondissement de Paris permet de s’immerger dans un quartier peu représenté au cinéma. Drôle, bienveillant et bien senti.
Dans le cinéma français, de nombreux films sont tournés à Paris, dans les quartiers haussmanniens, ou dans les cités HLM de banlieue, mais rares sont ceux qui s’ancrent dans les quartiers populaires métissés intramuros. Modi Barry et Cédric Ido comblent ici ce manque, dans la lignée de ce que Scorsese a pu faire avec Little Italy, Spike Lee avec Bedford-Stuyvesant ou, rare exception frenchie, Hamé et Ekoué avec Pigalle.
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Cette “vie de château”, c’est celle de cette partie de Château-d’Eau, dans le Xe arrondissement, où se concentrent tous les salons de coiffure afro de la capitale, avec leurs rabatteurs qui haranguent les clientes potentielles dès la sortie du métro. Le film suit particulièrement un certain Charles (Jacky Ido, vu dans Inglourious Basterds, de Tarantino, en 2009). Un prince de la rue et de la sape, chef historique d’un groupe de rabatteurs dont les projets vont être perturbés par une nouvelle bande rivale.
Ce pitch de film noir n’est pas l’essentiel et sert surtout de guide dans les méandres d’une vie de quartier très différente de l’idée clichée que l’on se fait de Paris : c’est une ville très bigarrée que l’on découvre ici, où Africains, Kurdes, Turcs, Chinois, Italiens, Indiens et Parigots “de souche” partagent les rues dans une certaine harmonie malgré les conflits ponctuels inhérents à n’importe quelle situation de voisinage.
Les réalisateurs observent ce petit monde avec humour et bienveillance, mélangeant subtilement acteurs professionnels et figures locales après plusieurs mois d’immersion préalablement au premier déclenchement de caméra. La Vie de château n’est certes pas un chef-d’œuvre moulé dans le bronze. C’est une comédie de quartier sympathique et bien sentie, réglée sur un tempo cool, prenant le temps de regarder attentivement un pan de réalité urbaine peu vu dans le cinéma français.
La Vie de château de Modi Barry et Cédric Ido (Fr., 2017, 1 h 21)
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