Un thriller psychédélique sur une Amérique paranoïaque dans le style crade et cool de Plympton.
Rod Rosse est un petit chasseur de primes qui vit encore chez sa mère. Il est engagé par Face de Mort, un ancien motard et catcheur devenu sénateur, pour retrouver le journal intime qui lui a été subtilisé par une jeune femme prénommée Lana, journal qui contient des informations très compromettantes pour l’homme politique. Tel est le point de départ du huitième long métrage de Bill Plympton.
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L’Américain habitué des festivals d’animation et de leurs récompenses s’est ici associé pour la première fois avec le jeune Jim Lujan. Animés tous deux par une haute idée du cinéma indé, ils ont en grande partie financé La Vengeresse grâce à une plate-forme de crowdfunding. Auteur de nombreuses voix de personnages, du scénario et de la musique du film, Jim a pourtant laissé à Bill le soin d’animer son histoire – il faut dire que les univers des deux hommes semblent plutôt proches.
Des relents de Bukowski et Pynchon
Plympton fait partie de ses animateurs dont le style est reconnaissable à la première image. Son stylo ne semble mû par aucune recherche de réalisme ou de beauté mais plutôt par un amour pour l’hyperexpressivité de corps, de formes et de perspectives déformés à l’extrême. Crade et cool, La Vengeresse nous plonge dans une Amérique bis faite des relents trash et magnifiques d’un Bukowski et de la paranoïa sous-jacente d’un Pynchon. Du premier, on retrouve les dialogues savoureux et la vulgarité transcendée, tandis que du second on identifie une certaine idée de l’Amérique comme territoire délirant, psychédélique et psychotique.
Inventif jusqu’à un jouissif éparpillement, attentif aux détails au point de parsemer le film de posters et d’inscriptions minutieusement choisis et drôles, même quand il s’agit de faire exploser une canalisation pleine de caca à la face du héros, ce thriller animé est aussi une cartographie et une satire de la société américaine assez fine. On regrettera cependant une fin qui, malgré une virtuosité formelle à son apogée, propose sur le fond une résolution assez faible, pour ne pas dire problématique.
La Vengeresse de Bill Plympton et Jim Lujan (E.-U., 2016, 1 h 11)
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