Un avocat renommé fait interner son fils instable. Franju tire la dénonciation de l’institution psychiatrique vers la poésie insolite.C’est la première fiction réalisée par Georges Franju. Jusque-là, il a signé une série de documentaires “politiques” : Le Sang des bêtes est une violente charge contre les abattoirs, Hôtel des Invalides moque subtilement le militarisme, etc. […]
Un avocat renommé fait interner son fils instable. Franju tire la dénonciation de l’institution psychiatrique vers la poésie insolite.
C’est la première fiction réalisée par Georges Franju. Jusque-là, il a signé une série de documentaires « politiques » : Le Sang des bêtes est une violente charge contre les abattoirs, Hôtel des Invalides moque subtilement le militarisme, etc. La Tête contre les murs devait être réalisé par Jean-Pierre Mocky, qui a signé l’adaptation du roman d’Hervé Bazin, et joue le rôle principal. Mais les financiers ne croyant pas en Mocky comme réalisateur, ils lui demandent de trouver un cinéaste plus confirmé. Mocky choisit Franju. De son passé de documentariste, Franju garde la démarche : il explore l’univers oppressant et inquiétant d’un asile où s’opposent deux conceptions de la médecine, l’une autoritaire, l’autre libérale, sujet très vif à l’époque, en 1958. Mais il tire cette dénonciation en règle de la psychiatrie répressive vers la poésie insolite qui fera sa marque : un motocycliste fonce dans un ravin, une fille en maillot de bain escalade la nuit l’échelle d’une piscine de banlieue, le visage blanc et aigu d’Anouk Aimée incarne l’espoir dans la nuit noire, de gros pigeons blancs font rêver l’épileptique Charles Aznavour… Franju réunit déjà ici quelques-uns des éléments qui feront de son film suivant, Les Yeux sans visage, son chef-d’œuvre : la lumière d’Eugen Shuftan qui donne à la nuit son merveilleux fantastique, la musique presque baroque de Maurice Jarre, le corps arbitrairement massif de Pierre Brasseur, la fragilité gothique d’Edith Scob (lire ci-contre). Film de combat, La Tête contre les murs est aussi et surtout une formidable leçon de mise en scène, à la fois rigoureuse et onirique.
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