Femmes libérées, mamans et putains emmènent les films de la semaine, d’Angelina Jolie chez Eastwood à la tenancière du cinéma porno de Serbis, en passant par Keira Knightley, duchesse aïeule de Lady Di.
Très tendance cette semaine, la femme libérée dans tous ses états. D’abord, un film déceptif qui s’étiole par tranche de quinze minutes : L’Echange de Clint Eastwood met en scène Angelina Jolie (plus irréelle que jamais, lèvres écarlates sur teint de porcelaine mortifère) en maman faisant les frais d’une étrange opération « satisfaite ou remboursée ». Elle perd son garçon, on lui en refourgue un autre (d’où le très beau titre anglais The Changeling, référence folklorique aux fées substituées aux bébés kidnappés). Seule contre tous, elle est forcément suspecte surtout parce qu’elle est mère célibataire et bosseuse dans un Los Angeles ellroyen et corrompu dans les années 20. Dommage qu’Eastwood n’en tire pas grand-chose selon moi, sinon une enquête et un séjour interminables en HP. Reste une séquence de peine capitale pas du tout voyeuriste et faisant mouche quand à la barbarie du procédé.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
[attachment id=298]
Autre maman louche, le personnage Ulrike Meinhof dans La Bande à Baader : elle délaisse ses enfants pour sauter par la fenêtre à la suite d’Andreas Baader et déstabiliser l’Allemagne de l’Ouest seventies à coup de braquages et de kidnappings politiques. Chronique du terrorisme d’extrême-gauche teuton, le film n’oublie ni le papier peint à la Derrick ni le nombre exact de coups de feu tirés dans telle fusillade reconstituée. Manque juste un point de vue. Le meilleur film sur le terrorisme allemand reste donc La Troisième Génération de Rainer Werner Fassbinder, politique, abstrait, désespéré, féroce, point barre.
[attachment id=298]
Toujours dans la reconstitution d’époque, Keira Knightley en aristocrate ancêtre de Lady Di (véridique) a son jeu et la taille corsetés dans The Duchess, le genre de déballage de frou-frou et de bougies dans le vent british qu’affectionne l’Académie des Oscars, avec Ralph Fiennes en duc abusif montrant les dents. Gosh ! La duchesse est très en avance sur son temps, car féministe et joueuse de cartes comme Patrick Bruel.
[attachment id=298]
Et la plus belle maman putain de la semaine est celle de Serbis. Matriarche à la tête d’un cinéma porno philippin, sorte de ventre de la cité qu’on voudrait rentrer, elle mène plusieurs fronts, affaires, famille, divorce. Et la transformation de sa salle en lupanar. Même égarement dans un dédale pour L’Echange et Serbis : bureaucratie convenue pour Jolie contre sens bousculés, couloirs et recoins obscurs du cinéma, comme autant de promesses de l’ombre pour la mama philippine. On préférera le deuxième parcours pour clore ce circuit finalement très maman et putain (ce n’est pas une insulte, mais le titre d’un film et aussi une constatation).
{"type":"Banniere-Basse"}