Mystifications à tous les étages dans les films de cette semaine : DiCaprio transfiguré dans « Mensonges d’Etat » de Ridley Scott, le « Mission Impossible » franchouillard de Jolivet, la magie renversante d’Eric Khoo et le retour de Skolimowski. Analyse.
La tendance cette semaine est le « pouff » ou le « pschtt » (bruit mal retranscrit de Gérard Majax s’évanouissant dans la fumée), soit la disparition, la mystification. « Disparue, tu as disparu au coin de la rue », chantait un Jean-Pierre Mader inquiet, col de chemise boutonné au cou (Disparue). Disparition de toute implication du spectateur devant les tortures et les mystifications fumeuses et foireuses (« non, ce n’est pas lui, c’est l’autre ») de Saw 5. Mystification de Mission : Impossible franchouillard de très petite entreprise d’espions improvisés dans La Très Très Grande Entreprise où Roschdy Zem et Marie Gillain s’infiltrent dans des bureaux, respectivement en vigile et en femme de ménage.
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Star absolue du très beau My Magic d’Eric Khoo, le vrai fakir Francis Bosco fait des merveilles (manger du verre, jeter des flammes) et le démon (avec lui-même) dans un mélo père-fils où le plus grand (ou gros) n’est pas forcément le plus adulte. Les tours de passe-passe de Bosco prennent vite une tournure SM dérangeante avant de s’épanouir en un dernier cadeau sublime au fiston. En filigrane, les zones d’ombre bien choisies – même si l’on y mange très bien – de la Mecque mal connue du business sud-est asiatique : Singapour.
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Autre tour de passe-passe dans Mensonges d’Etat de Ridley Scott : Leo Di Caprio se planque sous un bouc qui a l’air d’avoir pris son temps pour pousser ; Russell Crowe est lui derrière un embonpoint et une coupe en brosse – confirmant de rôle en rôle que c’est lui qui est déguisé en Robert Downey Jr déguisé en Australien déguisé en noir dans Tonnerre sous les Tropiques de Ben Stiller. Le meilleur tour de magie de ces espions est de créer un faux Al-Qaida pour combattre les vrais terroristes, avant que Di Caprio ne soit plongé dans 25 machinations en même temps et qu’il ne pense qu’à une chose, disparaître. Ridley Scott signe un thriller high-tech très malin et d’une redoutable efficacité.
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Sinon, la surprise de la semaine est cette fois une réapparition : Jerzy Skolimowski, cinéaste polonais emblématique des sixties, avait disparu des radars cinéphiles depuis quinze ans. On l’avait revu l’année dernière en oncle bougon de Naomi Watts dans Les Promesses de l’Ombre. Il revient comme réalisateur avec Quatre nuits avec Anna, film de voyeur soigneusement anxiogène où le spectateur ne sait jamais quoi à s’en tenir quand à ce qu’il voit et aux intentions de son anti-héros.
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