De Patrick Timsit en gilet de pêcheur à Keanu Reeves en alien austère, les emmerdeurs sont de sortie cette semaine : on ne gardera que George Clooney et Brad Pitt en fâcheux sublimes chez les frères Coen.
Merde in France (et ailleurs)
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C’est la semaine des emmerdeurs et chieurs de tout poil. Francis Veber décongèle d’abord son François Pignon – nom donné à tous ses personnages fétiches de types simplets – dans le bien nommé L’Emmerdeur, qui fleure bon l’antimites comique eighties avec son duo soi-disant sûr de stars bankable (Patrick Timsit et Richard Berry).
On passe, tout comme sur Nanni Morretti dans Caos Calmo d’Antonello Grimaldi, où il ennuie gentiment (et le spectateur aussi) sur son banc une improbable triplette formée par Charles Berling, Denis Podalydès et Roman Polanski.
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Ailleurs et venant d’ailleurs, l’emmerdeur emmerdé est Keanu Reeves dans le remake (par Scott Derrickson) du beau classique SF de Robert Wise Le Jour où la Terre s’arrêta. Kiniou y joue – l’air constipé comme souvent, qu’il soit messie dans Matrix ou saisi à la plancha dans Point Break – un extraterrestre venant annoncer la fin du monde. Ou pas. Il doit y avoir anguille sous roche. Ce qui est sûr, c’est que la toujours craquante Jennifer Connelly y déploie ses grands yeux.
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Dans un tout autre genre, Nicolas Duvauchelle s’ennuie en prison dans le film d’espionnage (sérieux comme un pape) Secret Défense de Philippe Haïm, s’y convertit (ou veut nous le faire croire) à l’islamisme radical, option suicidaire, ce qui irrite passablement notre Jacques Bauer (à prononcer comme Alain Poer) à nous, soit Gérard Lanvin au jeu monochrome comme son costard noir.
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Les Idiots
Mais les emmerdeurs suprêmes cette semaine sont ceux (et celles) de la comédie grinçante d’espionnage Burn after Reading des frères Coen, récréation burlesque apparemment innocente après le maléfique et magnifique No Country for Old Men. Il n’en est rien, le scénario de Burn ayant été écrit en même temps que leur adaptation de Cormac McCarthy. Soit, comme souvent chez les Coen, une combine qui tourne mal : deux employés de salle de gym (Frances McDormand et Brad Pitt sublimement stupides) se mettant en tête de faire chanter un espion névrosé et alcoolique (John Malkovich). C’est le début d’un tourbillon de malentendus, de ratés, d’actes littéralement manqués, entraînant tout le monde dans un délire général, y compris Tilda Swinton l’évanescente et un George Clooney qui aurait trop forcé sur l’expresso en capsule.
Ici, les Coen délocalisent leurs ploucs préférés à Washington, sous le regard médusé des barbouzes de la CIA qui, au choix, 1) font brûler les cadavres compromettants, 2) regardent impuissant le désastre. La stupidité à l’œuvre dans Burn After Reading, déserté par des personnages auxquels on pourrait s’identifier, est telle qu’elle en devient inquiétante. Le film est parfait pour achever de clouer pour les fêtes le couvercle du cercueil de l’ère (Walker) Bush : comme No Country for Old Men, Burn After Reading imprime parfaitement son vide moral, de manière oblique mais précise, sans virer au tract indigeste. « Je vous emmerde », certes, mais avec style, presque coulé dans le même bronze que celui de Katerine.
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