Lola Montès d’Ophüls courtisane et charmeuse, femmes emprisonnées et battantes de l’argentin Trapero, Catherine Deneuve libérée et témoin de son temps ; les femmes marquent de leurs diverses empreintes le cinéma de cette semaine.
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Cette semaine, il n’y en a que pour elles, encore elles : les femmes, tendance Tears for Fears (« Women in Chains, lalala…« ). D’abord dans la reprise en salle du splendide Lola Montès de Max Ophüls. Echec commercial à sa sortie, puis mutilé par son producteur, et enfin restauré cette année, le dernier film d’Ophüls est un somptueux spectacle, ou plutôt spectacle dans le spectacle, où la Lola du titre, danseuse, courtisane, maîtresse des grands du 19ème siècle, est amenée à mettre en scène sa propre vie dans un cirque avant de sombrer dans la déchéance. Plans séquences virevoltants, cadrages soigneusement carcéraux tout en enluminures autour d’une Martine Carol idéalement tragique, le film est une dernière addition d’Ophüls à ses sublimes portraits de femmes martyrisées (Lettre d’une Inconnue, Madame de…). A voir et à revoir donc.
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Toujours prisonnières (puisqu’en prison), les femmes de Leonera de l’Argentin Pablo Trapero. Le film contourne soigneusement la case du film de prison de femmes pour décrire une réalité autrement plus surprenante que les frictions saphiques sous la douche et les matonnes sadiques : le quotidien de détenues qui sont aussi mères, avec leurs enfants entre les murs. Leonora n’est pas Les Maternelles en prison, est sans doute moins camp qu’une autre série télé mexicaine plus ou moins réaliste sur une prison de femmes (Capadocia, vue sur HBO Latino, encore inédite dans nos contrées), mais est une brève et saine respiration.
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A voir
Mais la plus libérée (et à voir) des femmes cette semaine est Catherine Deneuve dans le rôle de Catherine Deneuve dans l’intrigant Je veux voir de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. Les premiers plans font un peu peur : Deneuve face à une fenêtre surplombant Beyrouth, se retournant pour asséner « je veux voir » (le Sud-Liban et les stigmates de la guerre) comme dans un mauvais caprice humanitaire-chic façon Angelina veut voir ce qui n’est pas Jolie. Et puis non, le film s’ingénie ensuite à détourner intelligemment le programme initial dans un joli brouillage réel-fiction, un road-movie inquiet entre docu miné et geste expérimental, où la star ne verra pas forcément ce qu’elle voulait voir – sauf des traces, des allusions, le sillage des avions de chasse, une mer rougie, non par le sang mais par les briques qui y sont rejetées. Et c’est tant mieux.
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