La création de Canal+ revient après un relooking et quelques printemps d’absence. Très agréable.
Petit à petit, Hard se fait une place à part dans les séries de la chaîne cryptée, dont elle est la seule comédie à avoir survécu aux outrages du temps – elle existe depuis 2008 ! –, non, sans y avoir perdu quelques plumes. Cette histoire de la veuve d’un magnat du X qui découvre à sa mort les véritables activités de son mari (avant d’épouser l’irrésistible Roy Lapoutre, étalon vedette de son écurie), ne compte que trois saisons, en incluant celle diffusée dès le 1er juin. La dernière datait de 2011…
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Depuis, la créatrice Cathy Verney est partie, remplacée par Camille Pouzol et une escouade de jeunes auteurs vitaminés. Le casting, heureusement, n’a pas changé, Natacha Lindinger et François Vincentelli en tête. Et comme si de rien n’était, ce petit monde aux frontières du sexe et des sentiments se retrouve en prime time.
Dans le semi-désert français de la comédie contemporaine, ciné et télé confondus, il serait de mauvais goût de balayer Hard d’un revers de la main. Le mauvais goût, parlons-en. Toute la sève comique de la série repose sur la confrontation d’un univers bourgeois – celui de l’héroïne – avec le monde du X. Les plus vulgaires ne sont pas toujours ceux que l’on croit, mais c’est aussi l’intelligence de la série que de partager la bêtise à parts égales et d’en faire son sujet. Qui est moins con qu’il n’en a l’air ? Qu’il l’est autant ? Qui l’est plus ? Les gags potentiels sont nombreux et Hard ne se prive pas d’explorer ce territoire glissant et totalement excitant.
Mise en danger
Dans un autre style, la sympathique QI (chez OCS) a construit son identité sur l’idée qu’une star du porno pouvait émettre le désir d’entamer des études de philo, remixant Comment l’esprit vient aux femmes en mode mineur. Ici, rien d’aussi ambitieux ne se trame, mais une interrogation sincère traverse la fiction. Il s’agit de décrire un milieu (le X, mais ce pourrait être la mafia ou la coiffure) et de tirer les fils d’une question fondamentale : comment sortir de soi et éviter que le monde ne nous assigne toujours la même place ? Alors que l’héroïne semble y parvenir, au prix d’une certaine mise en danger, son mec, lui, ne se remet pas d’être considéré ad vitam au regard de son mythique engin. “T’es drôle comme une bite”, lui dit un ami bien intentionné mais fâché avec la langue française, au détour d’un épisode. Qui pourrait s’en contenter ?
Hard saison 3 le lundi à 20 h 55 sur Canal+
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