Un jeune homme découvre une tête dans sa valise. Film d’espionnage ? Fantastique ? Sentimental ? Premier long métrage de Desplechin.
Ma très chère Bérénice. C’était un soir de juillet, tu venais de passer ton dernier oral pour le concours de l’Ecole normale supérieure. Enfin libres, nous étions allés voir La Sentinelle au Quartier latin. A la sortie, éblouis, nous avions partagé nos émotions dans un café. À travers ce premier film d’un réalisateur de 31 ans, nous venions de découvrir un cinéma totalement novateur. Un jeune cinéaste pour qui, nous l’avions lu dans le mensuel Les Inrockuptibles, la foi cinéma était venue en voyant Shoah de Claude Lanzmann. Nous avions tous deux été stupéfaits par cette histoire à dormir debout. Un jeune étudiant en médecine débarque d’Allemagne à Paris et découvre dans sa valise la tête d’un homme. Oui, une tête. Momifiée. De ce film, parfois à la limite du fantastique, nous avions aimé toutes les strates. Film d’espionnage. Méditation politique sur l’histoire, avec des champs de tombes filmées comme des visages. Une réflexion sur le devoir de mémoire. Mais surtout un roman d’initiation : l’éducation sentimentale de Matthias, qui quitte sa famille et découvre la vie. Le jeune homme enquête, dévoile des pans cachés de la grande Histoire après l’effondrement du bloc communiste, devient guetteur malgré lui et se révèle. Onze ans déjà ! Comme le temps passe. Ma chère Bérénice, t’en souviens-tu, nous rougissions : l’histoire de ce jeune homme, c’était un peu notre histoire. Nous aussi, nous allions devoir écrire l’Histoire. Qu’es-tu devenue, Bérénice ? Que sont devenues nos ambitions de jeunesse ? Si nous nous revoyons, pourrons-nous seulement nous reconnaître ?
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