LA SALAMANDREd’Alain Tanner, avec Bulle Ogier, Jean-Luc Bideau, Jacques Denis (1971, Suisse, 120 mn) Sans aucun doute le meilleur film d’Alain Tanner, qui a initié une veine romantico-anarchisante dans un cinéma suisse inspiré par le Free Cinema anglais. Deux amis, Pierre et Paul, enquêtent sur Rosemonde, héroïne d’un fait divers. Pas revu depuis des lustres, […]
LA SALAMANDRE
d’Alain Tanner, avec Bulle Ogier, Jean-Luc Bideau, Jacques Denis (1971, Suisse, 120 mn)
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Sans aucun doute le meilleur film d’Alain Tanner, qui a initié une veine romantico-anarchisante dans un cinéma suisse inspiré par le Free Cinema anglais.
Deux amis, Pierre et Paul, enquêtent sur Rosemonde, héroïne d’un fait divers. Pas revu depuis des lustres, ce film phare du cinéma helvète de la grande époque, les années 70, a laissé quelques marques indélébiles dans notre souvenir : la mini-jupe en cuir (mais était-elle bien en cuir ?) de Bulle Ogier, ange blond du bizarre qui ne nous a jamais déçus ; les patauds et truculents Jean-Luc Bideau (Pierre) et surtout Jacques Denis (Paul), sortes de Bouvard et Pécuchet suisses. Sans parler du marasme social d’un pays plongé dans une morne morosité (impression renforcée par le noir et blanc granuleux du 16 mm). On n’a pas non plus oublié la manière joyeusement obscène dont Rosemonde, ouvrière à la chaîne dans une usine de charcuterie, confectionnait prestement les saucisses ; ni sa manière, plus sensuelle, d’attraper une boîte de chaussures sur une étagère en montant sur un escabeau.
Cela dit, cette œuvre ironique et distanciée, conjuguée sur plusieurs modes (présent, passé, imaginaire, réalité), et présentant une adéquation idéale entre fiction et documentaire, a peut-être vieilli, comme on dit. Il faudra le vérifier. En tout cas, sans la liberté de ton et la modernité de ce film aux accents anarchisants, parfait prolongement de la Nouvelle Vague, il n’y aurait peut-être pas eu Les Valseuses et autres succédanés tapageurs.
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