ANTHONY MANN
LA RUE DE LA MORT (1949)
avec Cathy O’Donnell, Farley Granger, James Craig
L’HOMME DE LA PLAINE (1955)
avec James Stewart, Arthur Kennedy, Alex Nicol
Deux grands films ouvrent un mois consacré aux reprises de perles noires et rares et des plus beaux westerns d’Anthony Mann.
Le cinéma hollywoodien classique à son sommet.
Avant la rétrospective de tous ses films en février 2006 à la Cinémathèque, l’été sera propice à revoir en salle les plus beaux westerns d’Anthony Mann et découvrir deux fleurons de sa période « noire », La Rue de la mort et Le Grand Attentat.
De 1942 à 1949, Mann réalise des films à petit budget, thrillers ou documentaires policiers qui se démarquent de cette abondante production par la sécheresse et la précision remarquables de la mise en scène, une expressivité saisissante de la lumière et des décors, et déjà une façon unique de filmer la violence, sans complaisance mais avec brutalité. Surtout, Mann s’interroge sur les conséquences et les enjeux de la violence, en donnant une représentation valable pour mieux la condamner moralement. La Rue de la mort (Side Street, 1949) marque l’apogée de cette période : un film social d’un profond pessimisme dans lequel un jeune homme devient voleur par amour et se retrouve pris dans un engrenage fatal. Anthony Mann reforme le couple des Amants de la nuit de Nicholas Ray (les juvéniles Farley Granger et Cathy O’Donnell), et signe l’un de ses films les plus émouvants.
Cependant, c’est en abordant le western dans les années 50 qu’il va véritablement devenir un grand cinéaste classique. Sa mise en scène devient plus évidente et majestueuse au contact de la nature sauvage, magnifiquement filmée mais sans la tentation contemplative d’un Ford. C’est la façon immuable de filmer la violence, sèche et choquante, qui assure la liaison entre les films noirs et les westerns de Mann. C’est avec les cinq films interprétés par James Stewart et très souvent écrits par Borden Chase que le cinéaste va signer ses chefs-d’œuvre : Winchester 73 (1950), Les Affameurs (1952), L’Appât (1953), Je suis un aventurier (1954), L’Homme de la plaine (1955). Les films se parlent et se complètent, chaque nouveau titre étoffe la psychologie du personnage de Stewart, aventurier solitaire mû par la cupidité ou la vengeance et qui s’humanise au cours du récit. Le dernier de la série, L’Homme de la plaine, marque l’apogée du cinéma classique américain. La violence et la complexité de l’histoire, sorte de transposition westernienne du Roi Lear, est constamment équilibrée par la limpidité de la mise en scène et l’utilisation géniale des décors naturels, sublimés par le CinémaScope. James Stewart est admirable, comme d’habitude, mais aussi les autres acteurs tels Arthur Kennedy et Donald Crisp.
Pour tout savoir sur L’Homme de la plaine, et plus encore, on conseillera la lecture de l’excellent petit livre de Bernard Benoliel sur le film, constitué d’analyses, d’études mais aussi de documents commentés.
Olivier Père
A voir aussi : Winchester 73 (sortie le 20 juillet) ; Les Affameurs ; Je suis un aventurier ; Le Grand Attentat (sortie le 27 juillet).
A lire : L’Homme de la plaine de Bernard Benoliel (Cahiers du cinéma/Scérén-CNDP, collection « les Petits Cahiers »).
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