[Les industries culturelles face au confinement #5] Selon un calendrier provisoire de l’Union internationale des cinémas (UNIC), les cinémas européens devaient rouvrir leurs portes mi-juillet en Europe. Si les petits et moyens exploitants de salle souhaitent reprendre leur activité dès que possible, cette décision paraît “irréaliste” pour le directeur de Mk2, Nathanaël Karmitz.
Retrouvez les précédents épisodes de la série :
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>> Episode 1 : Quel avenir pour les films sortis en salles juste avant leur fermeture ?
>> Episode 2 : Face au virus, les expos virtuelles sont-elles la solution ?
>> Episode 3 : Confinement : voici plusieurs (belles) initiatives du spectacle vivant
>>Episode 4 : La chaîne du livre en rang de bataille
La possibilité d’une réouverture des salles à la mi-juillet, qui circule depuis deux semaines en Europe, semble aujourd’hui bien moins probable. Dans une interview accordée à Deadline, le directeur du plus grand réseau de cinéma d’art et d’essai de France, Nathanaël Karmitz, a déclaré que cette date lui semblait “irréaliste”. Il ajoute : “Aujourd’hui, personne n’est capable de donner sérieusement une date. On ne sait toujours pas comment les gens vont retourner à l’école, au travail. Une question à la fois. On peut spéculer, mais il n’y a aucune manière réaliste de traiter la question.”
Pas avant la “fin de l’année”
Le groupe Mk2 possédant également la chaîne espagnole Cinesur, Karmitz affirme que l’Espagne peut constituer un indicateur plus réaliste du processus de réouverture en toute sécurité. Selon les récents commentaires de la ministre du Travail et de l’Economie sociale du pays, Yolanda Diaz, la culture et les secteurs des loisirs ne rouvriront pas avant la “fin de l’année”. “Je pense que tout le monde travaille pour reprendre fin novembre et même début décembre”, déclare Karmitz à ce propos.
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Comment rouvrir ?
Le directeur de Mk2 a indiqué que la véritable question ne concernait pas la date mais la manière dont les salles peuvent rouvrir. “Si on doit utiliser des masques, être deux par deux [distanciation sociale], ou suivre d’autres restrictions plus fortes, nous pensons que cela ne vaut pas la peine de rouvrir et nous préférons attendre”, déclare-t-il. “Nous pensons que nous devrions attendre que cela soit une bonne expérience et non une expérience effrayante. Une ouverture sans bonnes conditions n’a pas de sens pour nous.”
Une décision qui n’est pas forcément partagée par les plus petits exploitants de salles. Le Film français rapporte que L’Agence pour le développement régional du cinéma (ADRC) a publié les résultats d’un questionnaire lancé début avril auprès des exploitants et des distributeurs de petites et moyennes salles françaises. Il apparaît que les salles sont “largement favorables” à leur réouverture dès qu’elles en auront l’autorisation. Certaines d’entre elles expriment d’ailleurs des craintes, suite à “la volonté de certaines collectivités territoriales de retarder localement leur réouverture pour prévenir tout risque sanitaire vis-à-vis de la population.”
Qu’en est-il de la programmation ?
Des discussions sont en cours en France sur la façon de répartir les films de manière équilibrée lors de la réouverture, pour éviter un embouteillage. Nathanaël Karmitz pense qu’il faudra environ deux semaines après la réouverture pour que les distributeurs aient la confiance nécessaire pour sortir un grand film, mais il ajoute rassurant : “Nous avons un très bon line-up français à venir donc nous ne sommes pas inquiets”.
En effet, si la multiprogrammation est souhaitée “massivement” par les exploitants de salles, les distributeurs sont plus réticents. “Les exploitants privilégieront une reprise partielle des films encore à l’affiche au 14 mars et souhaitent bénéficier des films nouveaux tandis que les distributeurs, qui se sont prononcés sur la question de la sortie des nouveautés, estiment qu’une sortie nationale nécessite un minimum de temps et qu’il serait préférable de se baser sur les films prévus à l’affiche des semaines qui ont suivi la fermeture des salles.”
Les salles ne souhaitent pas programmer une forme de « best of » des films de l’année précédente, certains distributeurs souhaitent même “un accompagnement par une majoration des subventions pour les films qui sortiront dans les conditions difficiles de reprise du marché.” Enfin, les exploitants et distributeurs s’accordent sur l’idée d’organiser une Fête du cinéma ou une opération tarifaire nationale lors de la réouverture.
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