Un film fantastique avec Romain Duris et Paul Kircher, un autre provenant d’une autre planète et un nouveau documentaire sur l’hôpital… Voici les films à voir (ou pas) cette semaine.
Le Règne animal de Thomas Cailley
On pense tantôt à Bong Joon-ho (en particulier The Host et son irruption monstrueuse), tantôt à Shyamalan (dans la façon de cadrer et d’inscrire le fantastique dans un quotidien familial), voire à Miyazaki aussi parfois (sublimes apparitions sylvestres rappelant Princesse Mononoké), sans que notre cinéaste quadragénaire n’ait à rougir de la comparaison. Mais c’est surtout Black Hole, le roman graphique de Charles Burns,qui apparaît ici comme une référence majeure. Comme lui, Cailley aborde la mutation comme un projet politique, la monstruosité comme une opportunité de faire contre-société.
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L’Autre Laurens de Claude Schmitz
Cet imaginaire américain qui infuse le film, son moteur, est aussi un vieux modèle qui s’écroule. Un vieux monde qui agonise devant la jeunesse. La blondeur platine de la nièce s’incruste dans le film comme une flamme éclairerait un thriller néo-noir. Cette tête blonde pourrait être toute entière cette autre planète, une nouvelle lune jaune autour de laquelle virevoltent des narco-stupéfiants, des bikers, des gangsters. Cernée par les vieilles figures poussiéreuses et patriarcales, la petite môme céleste les efface une à une du film.
Notre corps de Claire Simon
Si une ligne de démarcation existait entre l’équipe technique et les personnes filmées, elle vole subitement en éclats, et la séquence donne tout son sens au caractère inclusif du titre – ce “notre”qui concerne toutes les femmes, et le risque commun, qu’un jour, ce “corps” se transforme en machine à souffrance. La dimension partagée de ces expériences trouve son point d’orgue dans un finale simple et touchant, accompagné par cette chanson de Camille, dont l’intitulé semble faire à lui seul la synthèse du film : Ta douleur.
Bernadette de Léa Domenach
Barbie, Bernadette : la construction scénaristique est la même (de la crise à la reconquête de la puissance), l’enrobage visuel n’est pas très éloigné (coulis chromatique pimpant et vocabulaire pubard) et la visée politique est la même : racheter au féminisme washing n’importe quelle figure “iconisable” (quelle qu’en fût au préalable la teneur aliénante ou réactionnaire). Le moins que l’on puisse dire en voyant Bernadette, c’est que le cinéma rétrécit beaucoup à ce type de lavage.
La critique de Jean-Marc Lalanne
La Bataille de Solférino de Justine Triet
Revoir La Bataille de Solférino en 2023 nous conduit à éprouver le temps passé en une décennie et ce à double titre. Les images s’actualisent au prisme de notre savoir actuel, tant au regard de l’évolution de la carrière de Triet – et plus largement de celle du cinéma d’auteur français – qu’au regard des mutations politiques de la France.
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