Une semaine après la belle daube insipide de Yann Samuell (La guerre des boutons), voici donc la deuxième adaptation de l’année du livre centenaire de Louis Pergaud. D’une certaine manière, le film est meilleur. Moins mauvais. Tout et relatif, n’est-ce pas. Mieux fabriqué, disons. Barratier, avec le temps, semble avoir acquis l’instinct d’un homme de […]
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Une semaine après la belle daube insipide de Yann Samuell (La guerre des boutons), voici donc la deuxième adaptation de l’année du livre centenaire de Louis Pergaud. D’une certaine manière, le film est meilleur. Moins mauvais. Tout et relatif, n’est-ce pas. Mieux fabriqué, disons. Barratier, avec le temps, semble avoir acquis l’instinct d’un homme de spectacle qui lui souffle qu’il faut prendre le temps de poser ses personnages et d’installer entre eux des rapports humains, avant de multiplier les bastons, les numéros de cabotinage et les bonnes vannes…
En outre, Barratier, au fond, est un cinéaste référentiel, un artiste conceptuel post-moderne : il manie la référence cinématographique, la citation du cinéma du passé, comme le fait un DJ avec les chansons. Les exemples seraient trop nombreux, n’en retenons qu’un : le personnage de poivrot joué par Gérard Jugnot, un ancien soldat des colonies, qui ne parlent que des ses virées au Tonkin. Le clin d’œil est clair : c’est Robert Le Vigan/Goupil Tonkin dans Goupil Mains rouges de Jacques Becker !
Et tout est comme ça, dans la référence au cinéma du passé. Autant-Lara, Christian-Jacques, René Clément, etc. Le vieux cinéma de papa est convoqué à longueur de plan. Avec l’idéologie vieillotte qui l’accompagne. Tous les Français, dans le film, en dehors de deux Miliciens ridicules et grossiers tout droits sortis de Lacombe Lucien de Louis Malle, sont des Résistants ! Les deux villages qui ne cessent de se chamailler depuis des générations vont se réconcilier pour sauver une enfant juive cachée (c’est Le journal d’Anne Franck et Au revoir les enfants dans le même mouvement) ! Le père lâche du jeune Lebrac, interprété par Kad Merad, s’avèrera être Résistant : c’est le Père tranquille de René Clément avec Noël-Noël !
Vive la France ! Le mythe de la France résistante vient tout droit de La Grande Vadrouille de Gérard Oury, ou des aventures d’Astérix. Cette fixation sur le temps de l’Occupation, de son cinéma, de ses mythes, est au cœur du film de Barratier. Une obsession bien française puisqu’on n’y voit jamais (en dehors d’un camion de soldats indifférenciés) aucun personnage d’Allemand… Curieux film, vraiment, et qui porte bien mal son titre.
Jean-Baptiste Morain
De Christophe Barratier (Fr, 2011, 1h40)
Avec Jean Texier, Clément Godefroy, Kad Merad, Guillaume Canet, Laetitia Casta…
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