Sous ses oripeaux de comédie noire grand public, une satire aiguë et contemporaine de la peur de vieillir et une réflexion sur le cauchemar de la vie éternelle.
De Robert Zemeckis (Retour vers le futur, Qui a tué Roger Rabbit ?), on n’attendait qu’un aimable divertissement de plus. Erreur. Sous ses airs de comédie noire grand public, La mort vous va si bien est un film beaucoup plus profond et complexe qu’il n’y paraît. De quoi s’agit-il ? De la peur de vieillir, et de l’angoisse existentielle de mourir : difficile de trouver sujet plus universel et métaphysique. L’élégance consistera ici à en faire une comédie hollywoodienne sophistiquée, avec casting haut de gamme (Meryl Streep et Goldie Hawn en tête qui annoncent quasiment Patsy et Edina, le duo bitch absolu mais aussi Bruce Willis, et même Isabella Rossellini), effets spéciaux drôlissimes (il faut voir Meryl Streep se dévisser littéralement la tête), et gags hénaurmes (Goldie Hawn transformée en couch potato obèse et odieuse vaut également le détour). Car l’obsession de rester jeune, qui pouvait encore à l’époque passer pour une coquetterie hollywoodienne, est devenue aujourd’hui un phénomène de société. En 2002, on va chez son chirurgien esthétique comme on allait chez son dermato il y a dix ans, et les botox parties ont remplacé les réunions Tupperware. Parce qu’il stigmatisait avec ironie ce culte de l’apparence qui triomphe aussi brutalement aujourd’hui, La mort vous va si bien peut donc être qualifié de visionnaire. Mais on peut aussi y lire une satire de l’Amérique contemporaine (entre banalisation de l’obésité et hystérie de la minceur). Voire une réflexion sur le cauchemar de la vie éternelle. Plutôt pas mal pour un film du dimanche soir.
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