Avec Tonino Guerra disparaît l’une des figures les plus emblématiques d’un type très spécial de scénariste italien : le “compagnon de virée”. Fellini, qui ne conduisait pas, aimait être baladé par son chauffeur dans la campagne romaine avec ses scénaristes : Ennio Flaiano, Tullio Pinelli ou Tonino Guerra… C’est la conversation, le paysage, les rencontres, les […]
Avec Tonino Guerra disparaît l’une des figures les plus emblématiques d’un type très spécial de scénariste italien : le “compagnon de virée”. Fellini, qui ne conduisait pas, aimait être baladé par son chauffeur dans la campagne romaine avec ses scénaristes : Ennio Flaiano, Tullio Pinelli ou Tonino Guerra… C’est la conversation, le paysage, les rencontres, les petites auberges et les tournants de la route qui l’inspiraient.
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Tonino Guerra se considérait comme un “confesseur de cinéastes”. Avant tout poète, Guerra avait commencé à écrire des poèmes pendant la guerre et sa déportation dans un camp de concentration allemand pour activités antifascistes.
Il devient scénariste en 1956, collaborant avec le gratin du cinéma transalpin : De Santis, De Sica, Bolognini, Monicelli, Lattuada, les frères Taviani, Bellocchio, Rosi… Tout en continuant de s’adonner à sa passion, la poésie, mais travaillant aussi pour la télévision et le théâtre, peignant et sculptant.
Ses plus beaux films, c’est avec Michelangelo Antonioni qu’il les coécrit (L’Avventura, La Nuit, L’Eclipse, Blow up, Zabriskie Point, Le Désert rouge, Le Mystère d’Oberwald, Identification d’une femme, Par-delà les nuages, Eros), et avec son compatriote romagnol Fellini (Amarcord, Et vogue le navire… et Ginger et Fred).
Tonino Guerra avait aussi “confessé” un grand cinéaste grec, Théo Angelopolous (L’Eternité et un jour, Le Regard d’Ulysse, Le Pas suspendu de la cigogne), et un immense cinéaste russe, Andreï Tarkovski (Nostalghia) avec lequel il avait réalisé le très beau Tempo di viaggio, récit de leur collaboration sur l’écriture de Nostalghia pendant les repérages en Italie. Toujours en virée.
Jean-Baptiste Morain
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