D’ordinaire mettons depuis Péril en la demeure en 1985 , visiter les films de Michel Deville s’avérait aussi excitant que de se faire arracher une dent ou passer un scanner. Devant l’adaptation du Sachs de Martin Winckler, la tentation fut de réagir comme la blonde évaporée de la bande-annonce du Détective de Godard : […]
D’ordinaire mettons depuis Péril en la demeure en 1985 , visiter les films de Michel Deville s’avérait aussi excitant que de se faire arracher une dent ou passer un scanner. Devant l’adaptation du Sachs de Martin Winckler, la tentation fut de réagir comme la blonde évaporée de la bande-annonce du Détective de Godard : « Non, j’irai pas ! » D’autant que, cerise sur le pudding-repoussoir, c’est Albert Dupontel qui rédige les ordonnances. Or, justement, Dupontel… Droopy vaguement ahuri recoiffé Dominique Rocheteau, à la fois granitique et poreux, un peu curé, un peu assistante sociale, il impose, à notre regard défendant et en moins de trois scènes, son évidence.
Ce type est parfait. Il est la portée sur laquelle vient s’inscrire la polyphonie du récit, le pivot stoïque et inébranlable autour duquel s’organise la mise en scène de Deville. Qui, à l’aune de la prestation de son comédien, étonne par son minimalisme reichien (Steve, pas l’autre) quand on l’attendait s’embourbant dans une cacophonie pompeuse et suffisante. Narration étale, sans soumission à la tyrannie du crescendo, pizzicatti feutrés et mise à l’index des effets tonitruants, Sachs agit en creux, par doses homéopathiques. Souffreteux, limite aphasique, c’est dans l’atrophie que Deville séduit. Drôle de bilan de santé ? On vous invite néanmoins à consulter.