Un peu d’histoire : La Légende du grand judo (Sugata Sanshiro) est le premier film d’Akira Kurosawa réalisé en 1943 pour la Toho, d’après un roman à succès de Tomita. Le film est très bien accueilli par la critique et le public. Kurosawa s’est enthousiasmé pour son sujet au point que les dirigeants de la […]
Un peu d’histoire : La Légende du grand judo (Sugata Sanshiro) est le premier film d’Akira Kurosawa réalisé en 1943 pour la Toho, d’après un roman à succès de Tomita. Le film est très bien accueilli par la critique et le public. Kurosawa s’est enthousiasmé pour son sujet au point que les dirigeants de la Toho le convaincront d’en réaliser une suite. Mécontent d’un précédent remake réalisé en 1955, Kurosawa décide dix ans plus tard de produire et de superviser (la responsabilité de l’artisan Seiichiro Uchikawa semble très limitée) une nouvelle version de La Légende du grand judo, tournée simultanément à Barberousse, avec la même équipe et les mêmes interprètes principaux (Yuzo Kayama et l’immense Toshiro Mifune). Malgré leurs qualités respectives (Barberousse fait partie des chefs-d’oeuvre de Kurosawa), les deux films seront des échecs commerciaux qui vont inaugurer une longue période de disgrâce pour le cinéaste, et le « remake 65 » ne bénéficiera d’aucune distribution internationale, sombrant au Japon dans un oubli aussi profond qu’injuste.
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L’histoire, à présent : La Légende du grand judo conte les aventures du jeune Sugata Sanshiro qui reçoit à la fin du siècle dernier l’enseignement du ju-jitsu, affronte des membres d’écoles rivales aux méthodes de combats différentes, et devient un expert invincible. La Légende du grand judo explique les origines de la rivalité qui oppose encore le judo et le ju-jitsu, mais ne s’adresse pourtant pas exclusivement aux spécialistes des arts martiaux. Visuellement splendide, contemplatif et émouvant, le film rappelle que les arts martiaux sont un art de vivre, une philosophie, avant d’être des sports violents. Et tout autant que les affrontements physiques, magnifiquement filmés (dans une forêt nocturne ou dans la neige, ils atteignent une dimension tellurique, voire cosmique), on retiendra dans La Légende du grand judo le cheminement spirituel et moral de son héros, déchiré entre la fidélité à son art et l’accomplissement de sa vie d’homme. Cette exhumation inespérée offre aux cinéphiles gourmands un film extraordinaire dans lequel les vaincus sont touchés par la grâce et les vainqueurs par le doute, un hymne à la fraternité à la hauteur de l’humanisme de Kurosawa, une approche périphérique d’un cinéaste intimidant qui donne envie de revoir toute l’oeuvre du Maître.
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