Après Proposition indécente et Harcèlement, avant Striptease, Demi Moore tient absolument à changer de registre. “Le cul, toujours le cul, ce n’est plus une filmo, c’est la grille de TF1 en deuxième partie de soirée…” Elle zappe sur MTV qui repasse un vieux scopitone d’Annie Cordy, La Bonne du curé. Dem’ écoute attentivement les paroles […]
Après Proposition indécente et Harcèlement, avant Striptease, Demi Moore tient absolument à changer de registre. « Le cul, toujours le cul, ce n’est plus une filmo, c’est la grille de TF1 en deuxième partie de soirée… » Elle zappe sur MTV qui repasse un vieux scopitone d’Annie Cordy, La Bonne du curé. Dem’ écoute attentivement les paroles : « C’est pas facile/D’avoir du style/Quand on est la bonne du curé ». En voilà un défi pour Demi : il n’y a pas de doute, elle seule peut donner du style à un tel rôle. Dommage, le titre est un peu long. Elle préférerait La Curée. « Mais, darling, l’interrompt Peter, son coiffeur des Champs-Elysées, c’est un roman d’Emile Zola Oui, honey, surenchérit Sloane, sa manucure, il a même été adapté par Roger Vadim à qui je faisais les racines la semaine dernière. Rââh, ces Français, toujours à la ramener avec leurs références culturelles ! » Demi se fait quand même projeter le film, mais n’aime qu’à moitié c’est souvent le problème quand on s’appelle Demi.
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C’est même tellement con qu’elle relit tout Deleuze d’une traite pour compenser. Au bout de huit mois, elle referme L’Image-temps et décide d’interpréter un film-concept, La Durée, un long plan-séquence de trois heures où elle serait filmée de dos en train de dormir. Ça tombe bien, Joe, son généraliste, trouve qu’elle a besoin de repos. Et puis en relisant ses notes, elle tombe sur ceci (à propos des Straub) : « Un espace vide, sans personnage (ou dans lequel les personnages mêmes témoignent pour le vide), possède une plénitude à laquelle rien ne manque. » Elle pense alors à un film qui s’appellerait La Murée, et dans lequel on ne la verrait jamais. Là, c’est Roberto, son agent, qui tique. Il tente de ramener Demi à la raison en lui fourrant sous le nez le scénario d’un remake de Spermula avec Dayle Haddon. « Ça s’appellerait La Purée, ma chérie. Tu en prendrais partout, mais ton public adore ça.« Verte, Demi siffle : « Et pourquoi pas L’Urée, pendant que tu y es ? »
Enervée, elle arrive en retard à la première de Peur primale avec Richard Gere en avocat roulé dans la farine. « Flûte, s’exclame Bruce en souriant aux photographes, on y croit à mort ! Mais, c’est bien sûr, s’exclame Demi. Le film de tribunal, ça marche toujours. Appelons-le La Jurée. Je serai choisie pour ma loyauté, mais un beau mec payé par l’accusation me fera des tas de menaces méchantes pour que je me taise (angoisse érotisée genre Hitchcock).
Pendant deux heures, manipulée à mort, je ne dirai rien pour qu’on ne touche pas à mon gosse (pathos genre Jamais sans ma fille). Et dans le dernier quart d’heure, je me vengerai seule, sans l’aide de la loi ni de ses représentants (tous pourris genre Au-delà des lois). » Brian Gibson, le réalisateur, propose de prendre le point de vue du bourreau plutôt que de la victime. « On s’en fout du point de vue, hurle Roberto, l’agent. Ce qui compte, c’est que Demi soit à l’écran de la première à la dernière image. Promis ? Juré », soupire Gibson.
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