Auteuil s’essaie à la mise en scène et revient vers Pagnol. Une bonne surprise.
Jean Carmet disait : “Il n’y a pas des grand vins et des petits vins, il n’y a que des vins honnêtes et des vins malhonnêtes”. Sans transformer cet aphorisme en critère esthétique universel, on peut ici l’appliquer au premier film de Daniel Auteuil en tant que metteur en scène.
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C’est un film d’une grande honnêteté et d’une belle sobriété, étranger aux pagnolades pimpantes de Claude Berri (qui permirent certes à Auteuil d’accéder au statut de vedette), d’Yves Robert ou de la télévision.
Auteuil prend son histoire au sérieux, et ne l’ensevelit jamais sous le folklore, la distance ou le pathos (même la musique d’Alexandre Desplat reste discrète). Ses personnages ne sont pas des santons, et le mistral (très présent à l’image) semble avoir décidé de pousser le film vers du Jean Renoir…
Enfin, le texte de Pagnol – génie du mélodrame – garde toute sa force émotionnelle. D’autant qu’Auteuil l’a débarrassé en partie de quelques scories.
La Fille du puisatier de Pagnol, tourné en 1940, intégrait à son récit l’actualité de la guerre (Rossellini reconnaîtra la dette du néoréalisme à son égard), mais aussi son idéologie, résolument pétainiste. Il en reste bien sûr des traces dans La Fille… d’Auteuil (l’ouvrier de la terre a toujours raison contre le petit bourgeois), mais l’acteur-cinéaste tire le film insensiblement, avec inventivité, vers autre chose de moins manichéen : c’est la fin d’une époque, où les hommes gouvernaient absolument les femmes.
Pascal (rôle qu’Auteuil reprend à Raimu) est droit et brave, mais ce phallocrate appartient déjà au passé. Le bel aviateur (Duvauchelle, extra) qui a engrossé sa fille est un bellâtre de province mais il va s’éveiller à l’altérité.
Un bon film, plein d’idées de cinéma, servi par des comédiens (presque) tous excellents (bravo à la jeune Emilie Cazeneuve, dans le rôle d’Amanda), dirigés avec soin par un débutant rigoureux.
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