Depuis les années 80, Kiefer Sutherland cultive une image de cabot débraillé, se montrant un des acteurs les plus négligents de sa génération (pas l’ombre d’un bon film et encore moins d’un grand rôle dans sa carrière, à la maigre exception du récent Freeway). Alors que les premiers films d’acteurs américains sortis cette année (Albino […]
Depuis les années 80, Kiefer Sutherland cultive une image de cabot débraillé, se montrant un des acteurs les plus négligents de sa génération (pas l’ombre d’un bon film et encore moins d’un grand rôle dans sa carrière, à la maigre exception du récent Freeway). Alors que les premiers films d’acteurs américains sortis cette année (Albino alligator de Kevin Spacey, The Brave de Johnny Depp) étaient de catastrophiques ratages ampoulés qui laissaient néanmoins entrevoir d’ambitieuses intentions, Sutherland réalise avec une incontestable désinvolture formelle et thématique cette première oeuvre cinématographique. Le film raconte l’histoire pas vraiment originale d’un groupe de truands minables un repris de justice et sa fiancée, une brute psychopathe et un quatrième comparse qui se révélera être un flic infiltré dans le gang en fuite après le vol d’une grosse quantité de drogue, et qui accumule les erreurs et les maladresses, poursuivi à la fois par la police et la Mafia. Cette Dernière cavale possède le charme des petits polars de seconde catégorie, mais se limite malheureusement trop à un assemblage hétéroclite d’éléments du film policier et du western empruntés ici et là. On saute ainsi de la mélancolie (le personnage interprété par Vincent Gallo est une incarnation du loser romantique, tout droit sorti de Pat Garrett et Billy le Kid ) à la bouffonnerie plus ou moins volontaire (Rod Steiger nous offre une formidable caricature de mafioso, lors d’une scène très réussie à Las Vegas, tandis que Martin Sheen se révèle particulièrement grotesque dans le rôle d’un tueur méthodique). La violence immature exhibée par le film est contrebalancée par une ébauche de réflexion sur le processus d’identification aux mauvais sujets qui remet en question le mythe du desperado. Un petit bourgeois pris en otage avec son amie par les fuyards subit la fascination de la vie hors la loi et des armes à feu, avant d’exprimer à son tour des pulsions criminelles, d’abord de façon gratuite, puis pour défendre sa compagne dans le règlement de comptes final. Plutôt bien joué, approximativement écrit et réalisé (quelques scènes nerveuses et beaucoup de mollesse), La Dernière cavale n’a en définitive retenu que superficiellement la leçon des maîtres de l’action des années 70 (Aldrich, Siegel, Peckinpah) et demeure en deçà du ton élégiaque qu’aurait pu laisser espérer son sujet.
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