Portée par un casting et des dialogues remarquables, une comédie âpre et hilarante sur les atermoiements sexuels et sentimentaux. Semblant de résolution pour 2001 : tempérer toute focalisation excessive sur les débuts de films, cesser de voir en ces premières minutes une sorte de code génétique qui déterminera son évolution déploiement ou racornissement […]
Portée par un casting et des dialogues remarquables, une comédie âpre et hilarante sur les atermoiements sexuels et sentimentaux.
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Semblant de résolution pour 2001 : tempérer toute focalisation excessive sur les débuts de films, cesser de voir en ces premières minutes une sorte de code génétique qui déterminera son évolution déploiement ou racornissement inéluctable, croire aux revirements, aux volte-face. Briser là les jugements à l’emporte-pièce, paresseux et lapidaires. Et d’ailleurs, autant commencer tout de suite, en précisant que La Confusion des genres n’est en rien cet objet air du temps, bi et parisien comme une colonne Nuits blanches dans Libé, faussement moderne et irritant, que son introduction laisse entendre. Confusion des sentiments à son encontre donc : de prime abord, repousser sa pose, le toiser, puis se laisser séduire par ses maladresses assumées, sa façon de se mouvoir, son regard juste et ses reparties bien senties pour enfin l’embrasser à pleine bouche.
Alain (Pascal Greggory) est très sollicité, par les filles, les femmes, les garçons. Il ne les choisit pas, se pose parfois des programmes un peu aberrants (le mariage), ne sait pas dire non aux désirs d’autrui. De son côté, Ilan Duran Cohen oscille entre un premier film (Lolla Zipper, en 1991) venu trop tôt, non maîtrisé, aujourd’hui renié, puis l’écriture de deux romans (plutôt pas mal, de source informée) et enfin le retour à la chose cinématographique, nourrie de ce jeu pendulaire. La tenue et l’énergie (de plus en plus affirmées au fil des séquences) de ce deuxième long métrage tiennent pour une grande part à cette indétermination. IDC se refuse à privilégier une composante au détriment d’une autre et parvient à instaurer à un salutaire équilibre entre mise en scène dynamique, écriture acérée et casting impeccable (à son faîte, Nathalie Richard, éternel grand bonheur). Surtout, il a saisi tout l’avantage qu’il y avait à lâcher la bride à ses caractères, les laisser maîtres d’infléchir la narration et éviter ainsi le piège d’une comédie dirigiste et se voulant plus maligne que ses personnages, telle que pouvait l’être, sur un sujet similaire, le bourgeois et vain Irrésolu avec Vincent Lindon.
La seule réserve concernera ainsi la figure du prisonnier qui, par son double cloisonnement, l’incarcération et un désir affirmé de façon obsessionnelle, a tendance à asphyxier un film qui s’accomplit principalement dans ses atermoiements, le bras de fer de ses affects, le désordre et la schizophrénie amoureuse. Hasard du calendrier, alors qu’on désespérait de la capacité du cinéma français à agir sur nos zygomatiques, sortent le même jour deux (l’autre étant le Miéville) des films les plus performants de l’année dans la conjugaison du mode comique.
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