La structure intercommunale Est Ensemble a fait part de son souhait mardi 19 novembre de déprogrammer le nouveau film de Roman Polanski dans ses six cinémas publics. Une décision d’abord validée, puis annulée par le président de la collectivité qui maintient donc la programmation du film en salles.
Mardi 19 novembre au soir, des élues de la commune de Bondy, en Seine-Saint-Denis, ainsi que la maire Sylvine Thomassin ont protesté contre la programmation de J’accuse, de Roman Polanski, lors du conseil de territoire d’Est Ensemble (qui regroupe les territoires de Bagnolet, Bobigny, Bondy, Le Pré-Saint-Gervais, Les Lilas, Montreuil, Noisy-le-Sec, Pantin, Romainville). Selon Le Parisien, certaines femmes ont notamment attaché un soutien-gorge sur leur pupitre, en réaction à cette programmation, et ont brandi des pancartes indiquant « Le viol n’est pas du cinéma » ou « J’accuse Polanski ».
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Avant le début du conseil, la maire de Bondy déclarait notamment : « On est effarées que l’administration des salles se permette une telle diffusion, sans demander ce que les politiques en pensent. Nous sommes les représentants du peuple, sur un territoire militant notamment en faveur de l’égalité femmes-hommes »
Des projections tout de même possibles
Cette intervention a obtenu le soutien de l’ensemble des groupes politiques et a abouti à l’annonce de Gerard Cosme, président PS de la collectivité, de la déprogrammation de J’accuse des six salles que gère Est Ensemble (elles-mêmes composées de 13 écrans et plus de 2600 fauteuils).
Gérard Cosme, toujours selon Le Parisien, avait fait part de son souhait de maintenir J’accuse à l’affiche afin de « laisser la liberté de programmation artistique aux directeurs des équipements », tout en indiquant qu’il ne comptait pas voir le film et qu’il invitait « les spectateurs à faire de même ». Cependant, les élus ont voté en faveur d’une déprogrammation, et devaient annoncer la décision aux directeurs des salles concernées ce mercredi 20 novembre.
Des élus et responsables de salles ont notamment dénoncé une « censure ». Sur Facebook, le critique de cinéma Stéphane Goudet, collaborateur de la revue Positif et directeur artistique du prestigieux cinéma Le Méliès à Montreuil, a protesté contre cette déprogrammation, soulignant notamment un manque de logique par rapport à la décision : « Nous demandons dès à présent à nos élus la liste des cinéastes dont nous n’aurons plus le droit de programmer les films et la définition de leurs critères. »
Le mercredi 20 novembre au matin, les responsables des cinémas concernés se sont néanmoins vus accorder la possibilité de maintenir les projections du film.
Revirement de situation
Mais la décision a finalement connu un autre revirement de situation : Gerard Coste a en effet finalement décidé de maintenir la programmation du film de Polanski dans les cinémas publics de Seine-Saint-Denis, après s’être entretenu avec les directeurs des salles concernées. Il a notamment déclaré : « J’ai échangé avec eux sur la liberté artistique. Après avoir entendu chacun, en mon âme et conscience, je maintiens la programmation de J’accuse. » Selon Le Point, il a également précisé avoir demandé que des débats accompagnent la diffusion du film.
Dans des propos toujours rapportés par l’hebdomadaire, certains des directeurs des cinémas ont fait part de leur satisfaction quant à la décision finale : « J’estime qu’en programmant ce film je ne cautionne pas tous les violeurs de France », a annoncé Annie Thomas, directrice du Trianon à Romainville. Pour Anne Huet, qui gère le 104 à Pantin, elle dit avoir « choisi de le programmer en mon âme et conscience », ajoutant : « Il me semble fondamental de distinguer l’oeuvre de l’homme ».
Mis à jour le 20/11/19 à 19h30 : ajout de l’annulation de la déprogrammation du film dans les salles de Seine-Saint-Denis
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