Deux comédies romantiques françaises tentent à leur manière de contourner les clichés du genre.
Une même question obsède deux comédies romantiques françaises en salle cette semaine : comment raconter à nouveau une histoire d’amour dont l’issue, habituellement heureuse, est connue de tous ? Comment écrire encore une fois cette rituelle parade des sentiments au programme imperturbable – deux solitaires que tout semble opposer se rencontrent, s’aiment, se séparent puis se retrouvent avant le générique de fin ?
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La première des solutions, de loin la pire, est formulée dans La Clinique de l’amour d’Artus de Penguern (à qui l’on doit le pénible Grégoire Moulin contre l’humanité, où s’illustrait déjà une certaine tendance à la misanthropie) : le rire sarcastique.
Soit une parodie grimaçante et très agressive des comédies romantiques version soap, qui sacrifie son casting pourtant charmant (dont la pétillante Héléna Noguerra, toujours sous-employée) dans un exercice de détournement cynique des archétypes du genre. Où l’on s’amuse à mimer le coup de foudre, on ricane sur le dos de l’amoureux éconduit, bref on ne croit plus à rien et surtout pas aux illusions des sentiments.
Mais une deuxième solution, autrement plus séduisante, existe : celle d’Un bonheur n’arrive jamais seul de James Huth (Brice de Nice, Lucky Luke), une petite rom-com parfaitement exécutée, qui a le mérite de ne jamais prendre son genre de haut.
On y suivra ainsi toutes les étapes obligées qui mènent un artiste bohème (Gad Elmaleh, assez irrésistible) dans les bras d’une grande bourgeoise légèrement coincée (Sophie Marceau, as usual), au rythme bondissant d’un hommage fétichiste rendu à l’âge d’or des comédies sophistiquées hollywoodiennes.
La belle idée du film, dont il ne déviera jamais, c’est de faire de ce cinéma son sujet et son moteur narratif : les personnages sont avant tout des spectateurs qui citent leurs classiques (Frank Capra, Ernst Lubitsch…) ; ils savent très bien de quelle histoire de la comédie romantique ils sont les dépositaires et quels risques ils encourent, par exemple, à s’aimer dans le dos d’un mari jaloux.
A l’épreuve de cette conscience cinéphile, les personnages du film de James Huth ne choisissent pas la voie facile de l’abandon ou du désenchantement, mais au contraire celle d’un entêtement aveugle.
Ils foncent droit dans les clichés pour mieux les déborder, et se souviennent qu’en amour comme au cinéma la réussite ne tient finalement qu’à un peu de croyance.
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