Rolf de Heer s’intéresse à une enfant mutique. Psychanalyse bon marché et mise en scène balourde. Tombée amoureuse de Liv Ullman après avoir vu Persona à la télé, une fillette de 7 ans, fermement décidée à lui ressembler, choisit de s’enfermer dans le mutisme. Mais, en fait, elle ne regarde pas la télé et ne […]
Rolf de Heer s’intéresse à une enfant mutique. Psychanalyse bon marché et mise en scène balourde.
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Tombée amoureuse de Liv Ullman après avoir vu Persona à la télé, une fillette de 7 ans, fermement décidée à lui ressembler, choisit de s’enfermer dans le mutisme. Mais, en fait, elle ne regarde pas la télé et ne s’intéresse qu’à ses poissons rouges, dont certains sont blancs et meurent mystérieusement. Et puis d’ailleurs, elle est trop petite pour voir les films de Bergman, encore qu’avec les autistes, il faut se méfier : ils sont très intelligents et celle-ci a même des talents spéciaux de super Jamie, une ouïe ultra-développée qui lui permet de saisir à travers les cloisons de la maison ces fameuses conversations qui se font en murmurant, au milieu de la nuit, et qui font tant de peine. Les films de Bergman, l’Australien Rolf de Heer les a peut-être vus, mais c’est pas sûr, parce qu’alors il saurait que le mutisme est une affaire sérieuse et que pour en parler, il y a des outils qui ne sont pas superflus la psychanalyse par exemple. Il saurait aussi qu’une enfant mutique qui parle tout le temps, non seulement c’est pénible, mais ça ne tient pas la route. Surtout qu’elle est en pleine période scato. Bon, on est de mauvaise foi, la gamine ne parle pas vraiment, mais on entend sa voix intérieure. Elle pense des trucs étonnants, sur les chiens, ou sur son moi qui en fait sont deux : le moi d’avant le traumatisme et celui d’après. Elle en parle bien. En fait, il y a deux traumatismes : le fait que ses parents ne veulent plus qu’elle dorme dans leur lit et une dispute où le père jette un verre de lait au visage de la mère. Avec le verre de lait (pas du vin, ni de l’eau : du lait), on pense que les interprétations vont s’emballer mais rien ne se passe parce que la petite fille ne se souvient plus. Ce qui est bien dans ce film, c’est qu’on peut voir les deux moi : on ne risque pas de confondre car les images du premier moi sont tremblées, ont un gros grain et sont prises d’encore plus bas puisque la gamine était plus petite. C’est logique et ça fait raccord avec la voix intérieure. Le problème survient lorsqu’on comprend qu’elle parle à l’école et qu’elle n’est pas vraiment autiste : elle cherche juste à punir ses parents qui s’aiment moins qu’avant. Mais le traumatisme du verre de lait, c’était pour de la vraie ou pour de la fausse ? A ce moment-là, on s’en fiche et on souhaite juste que cette sorcière reçoive enfin une bonne claque. Mais Rolf de Heer, qui est un spécialiste de l’enfance, nous rappelle que la vérité sort toujours de la bouche des enfants, même quand celle-ci reste fermée. Il sait bien que la parole ne fait pas le poids face à la télépathie et, c’est vrai, il a raison, on ne parle pas assez des droits de l’enfance, cette forme de vie animale si proche de l’humanité. Impressionnés par la démonstration, on reste sans voix.
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