Adapter Proust au cinéma fait partie de ces défis a priori impossibles. Chantal Akerman s’en tire magnifiquement bien en transposant La Prisonnière à l’écran. Plutôt que de chercher vainement à illustrer Proust ou à trouver des équivalences cinématographiques au texte (l’un des problèmes de la “qualité française”, pointés en son temps par Truffaut), évitant également […]
Adapter Proust au cinéma fait partie de ces défis a priori impossibles. Chantal Akerman s’en tire magnifiquement bien en transposant La Prisonnière à l’écran. Plutôt que de chercher vainement à illustrer Proust ou à trouver des équivalences cinématographiques au texte (l’un des problèmes de la “qualité française”, pointés en son temps par Truffaut), évitant également les pièges de la reconstitution d’époque, Akerman amène l’écrivain sur son territoire de cinéma, qui évoque ici celui d’une autre grande écrivaine-cinéaste, Marguerite Duras. Plans hiératiques, jeu anti-naturaliste des acteurs, travail rythmique sur le langage et l’énonciation, composent un univers sensuel, mystérieux, écrin des rapports de possession et de jalousie au sein d’un couple. La Captive fait aussi penser lointainement au Vertigo d’Hitchcock, cousinage plus inattendu. Matériau, sujet et décors classiques, mise en scène moderne : La Captive est un bijou de cinéma, célébré à Cannes, mais boudé ensuite par le public.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
(Critique parue dans le supplément au n°646 des Inrockuptibles, Les 40 ans de la Quinzaine)
{"type":"Banniere-Basse"}