Le séjour estival en Provence de comiques censés plancher sur leur émission de télé.
On connaît la chanson : le clown est triste. Ainsi Edouard Baer, le bouffon décalé de Canal+, dévoile ses penchants grinçants et mélancoliques dans sa première réalisation, qui n’a rien d’une comédie. Au lieu de donner dans la parodie stéréotypée, Baer tourne en vidéo numérique et s’attache à traduire in extenso la vacance et les conflits d’ego qui s’amplifient au sein d’un groupe de Parisiens en vase clos : ceux-ci, au lieu de se faire des meufs et la teuf dans leur mas méridional, finissent par s’étriper mieux que les Lofteurs. Excellent docu sur un type d’humour qui repose sur l’impro et surtout la déstabilisation permanente, La Bostella, avec son filmage brut, sa cruauté envers ses personnages, de plus en plus hagards et inquiétants au cours du récit, est sans doute le meilleur équivalent français des Idiots autre titre possible du film. Expérimentale, cette fiction tient du reality show trash et de certaines aventures des années 70 où, en recréant des micro-sociétés en marge, on s’exposait parfois à des dérives malsaines (cf. la Manson family). Bref, « ça délire grave » dans le sens négatif , mais en revanche la partie ethnographique est moins réussie. La charge facile de Baer sur la ringardise provinciale est une résurgence parisianiste un peu convenue, dont le film aurait pu faire l’économie. Ce bémol mis à part, Baer semble avoir une autre audace que son quasi-homonyme vidéaste Barr (Jean-Marc).