Victime d’un viol, une jeune tunisienne se retrouve en butte à la société patriarcale. Un film nécessaire, bien que légèrement desservi par son formalisme.
L’affaire Harvey Weinstein le prouve, les violences sexuelles subies par les femmes atteignent enfin le point le plus vif de la conscience collective. Evidemment, Kaouther Ben Hania n’a pas attendu ces récents événements pour écrire et tourner La Belle et la Meute et dénoncer la domination masculine systémique.
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La belle, c’est Mariam, jeune femme sexy qui se fait draguer dans une soirée. Ellipse, on la retrouve hagarde dans la rue, probablement après un viol. Au commissariat où elle se rend pour porter plainte, on ne la croit pas et l’humiliation continue de plus belle. La réalisatrice dépeint un monde gouverné par les hommes où les femmes sont des citoyennes de seconde zone, des êtres inférieurs réifiés dont la parole ne pèse pas lourd.
C’est le monde arabo-musulman patriarcal et c’est aussi notre monde où les luttes des femmes sont plus avancées mais loin d’être abouties comme le prouve encore l’actu. La Belle et la Meute rejoint un peu le Detroit de Kathryn Bigelow au sens où Ben Hania dépeint également une nuit d’enfer au plus près de la souffrance, en faisant corps avec la victime et en montrant le rôle néfaste de l’institution policière. Ce parti pris purement émotionnel est discutable même si les intentions et le propos de la cinéaste sont indiscutables.
La Belle et la Meute se distingue également par sa forme, chaque moment du film étant conçu comme un grand bloc en plan-séquence. Un procédé d’une grande virtuosité qui place le spectateur dans le sillage éprouvant de ce que vit Mariam. Mais on peut aussi ressentir ce formalisme ostentatoire comme un filtre qui met à distance et comme un système qui laisse peu de doutes sur l’issue et le propos du film.
La Belle et la Meute arbore les certitudes du cinéma militant plutôt que les dilemmes moraux de la tragédie grecque ou du cinéma des frères Dardenne auquel on peut parfois penser ici. Reste que ce film prend position sur un sujet important et on ne peut qu’espérer qu’il contribuera au long combat pour atteindre l’égalité hommes-femmes.
La Belle et la Meute De Kaouther Ben Hania (Tun., Fr., Sue., Nor., Lib., Qat., Sui., 2017, 1h40)
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