LA BATAILLE D’ALGER(Studio Canal, environ 29 e)LE FILM : Contrairement à ce qui a été écrit dans ce journal lors de sa diffusion télévisée en décembre, La Bataille d’Alger n’est pas un “chef-d’œuvre du néoréalisme”, mouvement esthétique mort depuis longtemps lorsque Pontecorvo tourne son film. Il s’agit plutôt d’un cas particulier de “fiction de gauche” […]
LA BATAILLE D’ALGER
(Studio Canal, environ 29 e)
LE FILM : Contrairement à ce qui a été écrit dans ce journal lors de sa diffusion télévisée en décembre, La Bataille d’Alger n’est pas un « chef-d’œuvre du néoréalisme », mouvement esthétique mort depuis longtemps lorsque Pontecorvo tourne son film. Il s’agit plutôt d’un cas particulier de « fiction de gauche » à l’italienne, puisque ce film-dossier propose une reconstitution historique « à chaud » dans un style qui imite le documentaire (malgré les apparences, aucune image d’archives ne fut utilisée). Le film de Pontecorvo est esthétiquement plus proche de Pasolini (version commando) et Sergio Leone (version marxiste) que de Rossellini. Car le souci maniaque de la vérité, le grain de l’image volontairement sali et l’utilisation d’acteurs non professionnels et de véritables protagonistes, dirigés au centimètre près, s’accompagnent d’une mise en scène percutante et d’un montage hyperefficace. Ce n’est pas un hasard si ce film fascina Peckinpah, Kubrick et Scorsese. La Bataille d’Alger est un vrai film didactique, mais aussi un opéra prolétaire spectaculaire, violent et poignant, sublimé par la musique d’Ennio Morricone.LES DVD : Un deuxième disque propose d’excellents bonus. Un documentaire retrace la carrière du film, immense succès sauf en France, comme on peut s’en douter. Le commentaire laisse apparaître la force du film, mais aussi ses effets pervers et le risque de l’instrumentalisation, puisqu’il fut projeté au Pentagone avant l’occupation de l’Irak et utilisé à la fois comme film de propagande dans les pays marxistes et outil de travail dans les dictatures fascistes (sur les méthodes de torture). Des entretiens passionnants avec le cinéaste Pontecorvo, l’historien Benjamin Stora, le comédien Jean Martin et le producteur et acteur (dans son propre rôle) Saadi Yacef complètent cette excellente édition d’un film qui reste toujours aussi controversé.
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